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telles que l'imagination, la réflexion et la mémoire; or la première chose à faire, lorsqu'on veut obtenir la faculté de percevoir (les êtres du monde spirituel), c'est d'anéantir les puissances du cerveau, parce qu'elles s'opposent à l'exercice de cette faculté et lui portent atteinte.

Nous voyons les plus habiles parmi eux s'appliquer à l'étude de certains livres, tels que le Kilab es-Chefa, Ylcharat, le Nedjai^ et les traités dans lesquels Ibn Rochd (Averroès) a résumé le Fass^ (ou Organon) d'Aristote. Ils s'occupent à les feuilleter et à bien se pé- nétrer des démonstrations qu'ils renferment, dans l'espoir d'y trouver cette portion de bonheur (suprême qu'on leur avait promis); mais ils ne se doutent pas qu'en procédant ainsi ils multiplient les obs- tacles qui s'opposent à leur progrès. Pour agir de cette manière, ils se sont fiés à une parole que l'on attribue à Aristole, ou à El-Fa- rabi, ou à Ibn Sîna (Avicenne), et qui est ainsi conçue: « Celui qui réussit à percevoir l'intelligence active, et qui s'est mis en contact avec elle dans la vie de ce monde, a obtenu la portion de bonheur qui lui revient. » Ils entendent par le terme intelligence acliveXa pre- mière classe des êtres spirituels, qui se laisse percevoir quand le voile des sens est écarté, et ils posent en principe que le contact avec cette intelligence s'opère au moyen d'une faculté perceptive qui s'ac- quiert par l'élude. Le lecteur a déjà reconnu la faiblesse de cette doctrine. Au reste, Aristote et ses disciples ont entendu, par les mots contact el perception, cette perception que l'âme exerce au moyen de sa propre essence et sans intermédiaire, mais qui n'a lieu qu'après l'en- tier écartemenl des voiles des sens.

' Ce» Iroi» ouvrages sont d'Avicenne. averllssemenl.s) esl un pelit recueil de

M. Munk nous a fail connaitre le contenu doctrines el maximes philosopliiqucs. On

de la grande encyclopédie pliilosopliique a composé un grand nombre de comiufn-

intitulée Et-Chefa. (Voy. Mélanges de phi- laircs sur ce dernier livre, ([ui, à ce que

losopliic juive et arabe, p. 355.) Le Nedjat nous apprend le bibliographe Maddji Kha-

est un abrégé de cet ouvrage; il se trouve iifa (t. I, p. 3oi) , est très-obscur et fori

imprimé à la (in de l'édition du Canoun. diincilc à comprendre. L'Icliarat ouat-Tenbîliat (indications et ' Voyez ci-devant, p. iSi.

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