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D'IBN KHALDOUN. 233

qu'ils prétendent trouver dans le raisonnement? Quelquefois aussi l'entendement se sert de premiers intelligibles ayant avec les (êtres) particuliers une conformité imaginaire, et n'emploie pas les seconds intelligibles obtenus par l'abstraction du second degré'. En ce cas, le jugement (porté par l'entendement) est vrai et équivaut à une sen- sation, parce que les premiers intelligibles sont plus conformes à l'ex- terne par suite de leur accord avec lui. On peut donc admettre ce que les philosophes disent sur ce point, mais nous ne devons pas nous occuper de telles matières, parce qu'elles entrent dans la catégorie des choses dont l'examen nous est défendu par cette maxime : Le vrai croyant doit s'abstenir de ce qui ne le regarde pas. En effet, les questions naturelles n'ont aucune importance pour nous, sous le point de vue de la religion ni sous celui de l'entretien de la vie. C'est donc pour nous un devoir de ne pas nous en occuper.

Passons à leurs jugements au sujet des êtres qui sont hors de la portée des sehs, c'est-à-dire des êtres spirituels, ceux dont l'étude forme la science divine, ou la métaphysique. Je ferai observer que l'essence de ces êtres nous est absolument inconnue, que la compré- hension ne saurait l'atteindre et que le raisonnement est incapable i'. 1,5. de nous la faire connaître. La preuve en est que l'abstraction appliquée aux cires externes particuliers dans le but d'en obtenir des intelligibles (universaux) n'est possible qu'à l'égard des êtres dont la perception peut s'obtenir au moyen des sens, et, en ce cas, cette abstraction fournit des universaux; mais, en ce qui concerne les essences spiri- tuelles, nous sommes incapables d'en obtenir des perceptions qui nous fourniraient, par l'abstraction, d'autres quiddités; car nos sens forment un voile qui s'interpose entre nous et ces essences. On ne peut donc pas employer ie raisonnement à leur égard, et on ne pos- sède aucun moyen qui nous permette d'en établir l'existence. J'en excepte seulement ce que nous trouvons en dedans de nous-mêmes*

' Le texte est Irès-altéré ici; je lis ; Telle est la leçon suivie par le traducteur

iJ'J] ^lyJt tj.i'Ji»!! j ^ iJLil jj-aJlj turc et offerte par l'édilion de Boulac. i^bJl (ùJ^i j U^vjyf' ' Littéral, «entre no» deux côtés. .

Prolégomènes. — m. 3o

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