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D'IBN RHALDOUN. 227

pourquoi ils s'expriment en énigmes. La vérité est qu'ils craignaient la réprobation dont les diverses religions ont frappe la magie dans toutes ses branches. Ce ne fut pas ' dans le but de s'en réserver exclu- sivement la connaissance qu'ils adoptèrent cet usage, quoi qu'en disent certaines personnes qui ne se sont pas donné la peine d'approfondir la question. Voyez ce qu'a fait Maslema : il intitula son traité d'alchi- mie Retbat el-llakim (le gradin du sage), et donna à son ouvrage sur la magie et les talismans le titre de Ghaiat el-Hakim (le terme du sage), indiquant ainsi que le Ghaïa était d'une portée plus générale, et que le Retba avait une portée plus restreinte. En effet, le mot ghaïa (terme, extrême) indique une idée d'élévation que le terme retba (gradin, échelon) ne comporte pas. D'ailleurs, les problèmes discutés dans le Relba sont identiques, par leur sujet, avec une partie de ceux qui se trouvent dans le Ghaïa, ou bien ils ont une grande analogie avec eux. La manière dont l'auteur s'y exprime, en traitant ces deux branches de sciences, fournit encore une preuve évidente de ce que je viens de dire. J'exposerai plus loin l'erreur de ceux qui prétendent que les moyens dont on se sert dans l'alchimie sont tout à fait naturels^. Dieu sait tout et est au courant de tout. [Coran, sour. lxxi, vers. 3.)

La philosophie est une science vaine en elle-même et nuisible dans son application.

Ce chapitre et ceux qui suivent méritent une sérieuse attention, parce que les sciences^ (dont nous y traiterons) sont des accidents propres à la civilisation, et parce qu'elles fleurissent dans presque p. jio. toutes les (grandes) villes, où elles nuisent beaucoup* à la religion. Cela nous oblige à dévoiler le vrai caractère de la philosophie et à indiquer ce que nous devons en penser.

(Nous remplissons ce devoir), parce que des hommes d'une haute

' Pour y^, lisez q\ ^. ' H faut lire /"j^' «JJ» (j-ï, avec le

' Littéral. « que les perceptions ou les manuscrit C et l'édition de Boulac.

fruits [medarik] de celte chose (s'ob- " Pour ^jwi^ lisez ^j^Âi^ avec l'édilion de

tiennent) par un art naturel. » Boulac el les manuscrits C et D.

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