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��PROLÉGOMÈNES

��homogène ^ et incorruptible, qui soit analogue au mélange (fait avec) de l'eau. Le grossier aura alors la force de saisir le délié; l'âme sera assez forte pour affronter le feu et pour y résister, et l'esprit pourra plonger dans le corps et le pénétrer partout. Cela n'a lieu qu'après la combinaison, car, ime fois que le corps soluble a été marié avec l'âme, toutes ses parties se mêlent avec elle, et les unes pénétrant dans les autres à cause de leur conformité mutuelle forment une seule et même chose. Il résulte du fait de ce mélange que l'âme doit nécessairement éprouver les mêmes accidents que le corps, c'est-à-dire la santé, la corruption, la durée et la fixité. Il en est de même de l'esprit lorsqu'il se mêle aux deux : quand il les pénètre, par l'effet de la manipulation, ses parties^ se mêlent avec P. ïo5. celles des deux autres, c'est-à-diie de l'âme et du corps, et forment avec elles une seule chose; cette chose est unique, homogène et ana- logue à la partie générale'^ dont les natures sont parfaitement saines et dont les parties sont d'accord. Si l'on fait rencontrer ce composé avec le corps soluble, et qu'on le soumette à l'action du feu jusqu'à ce qu'on voie paraître sur sa surface l'humidité qu'il renferme, il (ce composé) se fondra dans le corps soluble. Or l'humidité est inflam- mable de sa nature et permet au feu de s'attacher à elle. En ce cas, le mélange d'eau empêche le feu de s'unir avec l'esprit. En effet, le feu ne s'unit avec l'huile qu'autant qu'elle est pure. L'eau a pareille- ment pour caractère de s'enfuir du feu; mais, quand le feu s'y attache avec l'intention de la volatiliser, le corps sec qu'elle renferme dans son

��' Il faut corriger le texte et placer *^ immédiatement après J9<.^Ukl.

' Je lis lj*^Iy>l à la place de U*jîy>t Le terme partie générale ou universelle ne «e trouve pas dans les dictionnaires arabes qui traitent des mots scientifiques et techniques. Le grand dictionnaire ini- primé à Calcutta offre toutefois une indi- cation qui, peut-être, serait applicable ici. On y lit : • La partie «yk s'emploie encore

��pour désigner la totalité (d'une chose) , par exemple l'âme, la tête, le visage, le cou, en parlant de l'homme. » On dit bien en français trois têtes de bétail pour indiquer trois animaux de cette espèce. En turc l'emploi de la partie pour désigner le tout est très-commun. Il est donc pos- sible que, chez les alchimistes, la partie générale soit la réunion des éléments for- mant le sujet sur lequel on opère.

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