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��PROLEGOMENES

��condisciple Ibn es-Semh'. Le lecteur qui aura examiné cette pièce avec l'attention qu'elle mérite y reconnaîtra la tendance de la doctrine professée par l'auteur. Après une introduction qui n'a aucun rapport avec le sujet, on lit ce qui suit^ : « Toutes les (notions) préliminaires sur lesquelles ce noble art est fondé, savoir, la. connaissance de la formation des minéraux, des pierres et des pierreries, et de la nature des pays et des lieux, ayant été exposées par les anciens et rapportées par les philosophes, nous sont maintenant tellement familières qu'il est inutile d'en parler. Mais, en revanche, je vais vous expliquer ce que vous avez besoin de savoir au sujet de cet art. Je commen- cerai par dire en quoi il consiste. « Celui, disent les adeptes, qui veut « apprendre notre art, doit savoir d'abord trois choses : i° s'il est pos- • sible de la* faire; 2° de quoi elle se fah; 3" comment elle se fait. « Quand on les sait d'une manière parfaite, on possède tout ce qu'on ■ peut désirer relativement à cette science, et l'on est parvenu au but « qu'il fallait atteindre. » Ayant voulu vous épargner la peine d'exa- miner si elle* existe et de chercher à constater l'existence de la chose au moyen de laquelle on puisse la faire, je vous avais déjà envoyé une portion d'élixir*. Passons à la seconde question: De quoi se fait- elle.^ Par ces mots, les alchimistes désignent la recherche de la pierre dont on peut tirer l'œuvre*", et (ils nous donnent à entendre) que

��' Voyez ci-devant, p. i38

' Plus loin, p. aa6, noire auteur dit de cette lettre qu'elle est remplie d'énigmes el de logoj;ryplies qu'il serait presque im- possible d'expliquer ou de comprendre.

',Dans le texte arabe, le pronom du verbe (jj^i', qui. est répété trois fois et que je lis ,j ZCï , est au Féminin et n'a point d'antécédent. 11 ne peut se rappor- ter nia ^ (pierre), ni k ij^ {grand œuvre), qui sont tous les deux du genre masculin , et cependant il est évident qu'il s'agit soit de l'an , soit de l'autre. Plus loin , on verra encore de» exemples de ces permu-

��tations de genres. L'auteur de l'épître a très - probablement fait ce changement exprès, alin de dérouter les profanes.

  • Ici , le pronom se rapporte évidem-

ment à la pierre philosophale.

' Ibn Kbaldoun a déjà fait observer que le terme el-ikctr servait à désigner la pierre philosophale.

' Le mot Jj= [âml) signifie /iïire, opé- rer: mais, dans le jargon des alchimistes, il désigne le grand œuvre, c'est-à-dire la pierre |>hilosophale. Dans le passage sui- vant, l'auteur abuse de l'ambiguïté du terme pour faire un raisonnement vicieny

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