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tère légal, en y remplaçant (tout ce qui blessait la religion) par des litanies et des cantiques à la louange de Dieu, et par des invocations tirées du Coran et des traditions sacrées. Ces individus, voulant con- naître les prières qui convenaient à leur but, se guidaient d'après une considération que nous avons déjà indiquée , savoir, que le monde , avec tout ce qu'il renferme d'essences (êtres), de qualités et d'actes, est partagé entre les sept planètes et soumis à leurs influences. Avec cela, ils recherchaient scrupuleusement les jours et les heures qui cor- respondaient aux influences ainsi réparties, et, par l'emploi d'exercices autorisés par la loi, ils s'abritaient contre les imputations auxquelles les pratiques de la magie ordinaire les auraient exposés, pratiques qui, si elles ne sont pas des actes d'infidélité, doivent nécessairement y porter. Us s'attachaient à suivre la voie légale, parce qu'elle était assez large et n'offrait rien de répréhensible. C'est ainsi que fit El-Bouni dans plusieurs de ses ouvrages, tels que ÏAnmat, et d'autres écrivains adoptèrent le même plan. Evitant avec un soin extrême de donner le P. 146. nom de magie à l'art qu'ils cultivent, ces gens l'appellent simîa (magie naturelle); mais, bien qu'ils le pratiquent en suivant la voie légale, ils ne peuvent s'empêcher de tomber dans l'emploi de la magie véri- table. Malgré la direction licite qu'ils donnent à leurs pensées, ils ne s'éloignent pas tout à fait de la croyance en certaines influences qui ne procèdent pas de Dieu; ils cherchent aussi à se procurer la faculté d'agir sur le monde des êtres, ce qui est défendu par le législateur divin.

Quant à l'influence qu'il arrivait aux prophètes d'exercer et qui se manifestait dans leurs miracles, ils ne la faisaient valoir que par l'ordre de Dieu et par suite de sa décision. Chez les saints , cette influence s'em- ploie aussi avec la permission de Dieu, et leur vient, soit par inspira- tion et par l'opération de Dieu, qui crée (alors) en eux la science qui leur est nécessaire, soit de quelque autre manière. Au reste, ils ne s'en servent jamais sans y être autorisés.

11 ne faut pas se laisser tromper par le terme sîmia que les magi- ciens emploient pour dérouter le pubhc. La simia (chez eux) est réel-

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