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résoudre tous les problèmes au moyen de perceptions obtenues par eux dans le monde spirituel, et qu’ils évitent l’emploi de la démonstration. Mais on sait combien les inspirations de ce genre diffèrent des notions fournies par les sciences; elles ne s’accordent avec celles-ci ni dans leurs tendances ni dans leurs résultats. Nous avons déjà exposé ce fait et nous y reviendrons plus loin. Dica dirige vers la vérité.

La magie et la science des talismans.

Ces sciences consistent en la connaissance de la manière dont on fait certains préparatifs au moyen desquels l’âme humaine acquiert le pouvoir d’exercer des influences sur le monde des éléments, soit directement, soit à l’aide de choses célestes. Cela s’appelle, dans le premier cas, magie, et dans le second, science talismanique. Comme ces genres de connaissances ont été condamnés par les lois des divers peuples à cause du mal qu’ils produisent et de la condition imposée à ceux qui les cultivent de diriger leur esprit vers un astre ou quelque autre objet plutôt que vers Dieu, les ouvrages qui en traitent sont extrêmement rares. Ce qui reste de ces sciences ne se trouve que dans les livres composés par les Nabatéens, les Chaldéens et autres peuples qui existaient avant la mission du prophète Moïse; car les prophètes qui parurent avant lui ne promulguèrent pas de lois et n’apportèrent pas aux hommes des maximes de droit; ils se bornèrent, dans leurs écrits, à faire des exhortations, à enseigner l’unité de Dieu et à parler du paradis et de l’enfer.

La magie et la talismanique existèrent chez les Assyriens et les Chaldéens qui habitèrent Babel, et chez les Coptes de l’Egypte. Ces peuples et d’autres encore possédaient des ouvrages qui en traitaient et laissèrent des monuments (qui s’y rapportent), mais un très-petit nombre seulement de leurs écrits a été traduit (en arabe). Nous n’en possédons que le livre de l'agriculture nabatéenne, rédigé par Ibn Ouahchiya d’après des traités composés par les gens de Babel[1]. Ce fut

  1. Voy. ci-devant, p. 165.