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��PROLÉGOMÈNES

��lastique venus après lui. Il en est résulté que les problèmes de la sco- lastique se trouvent confondus avec ceux de la philosophie et que les livres scolastiques sont tellement remplis de questions philosophiques qu'on serait porté à regarder les deux sciences comme identiques dans leurs objets et dans leurs problèmes.

Cette ressemblance n'est toutefois qu'apparente; mais elle suffit pour tromper le public. En effet, les questions agitées par la scolas- tique consistent en dogmçs puisés dans la loi révélée et (parvenus jus- qu'à nous) tels que les anciens musulmans les avaient transmis. Les premiers croyants ne s'adressèrent pas à la raison pour acquérir la certitude de ces dogmes; ils ne pensèrent pas que l'emploi du raison- nement fût nécessaire pour en prouver la vérité et qu'ils devaient s'y fier comme à un appui indispensable. A leur avis, la raison n'avait rien à faire des dogmes ni des prévisions de la loi.

L'établissement des preuves (fondées sur la raison) fut adopté par les (premiers) scolastiques pour le sujet de leurs traités, mais il ne

��river à la connaissance du monde spirituel et de Dieu ; dans la première , on se sert de la spéculation et du raisonnement, et, dans la seconde, on a recours aux exer- cices spirituels et à la contemplation. < Il y a, dit-il , deux sectes qui suivent la seconde voie , celle des personnes qui tiennent compte de la loi révélée, c'est-à-dire, les SouGs , et celle des personnes qui ne s'at- tachent à aucune loi révélée, se bornant à suivre leurs propres inspirations dans le but d'obtenir les révélations et l'illumina- tion , qui sont les fruits des exercices spi- rituels. On appelle ceux-ci philosophes illu- minés et Platon en faisait partie. > Haddji Khalifa (t. III, p. 87 de son Dictionnaire bibliographique) parle aussi des deux voies qui mènent à la connaissance de la vérité et dit : « Ceux qui suivent la première voie sont sectateurs d'une loi révélée ou ne

��le sont pas ; les premiers sont les scolas- tiques, et les seconds, les philosophes pé- ripatéticiens. Ceux qui suivent la seconde voie se livrent à des exercice.s spirituels, fondés , soit sur les prescriptions de la loi divine, soit sur aucune loi. Les preiiiiers sont lesSoufis et les seconds les illuminés. » Nous lisons dans le Diclionary ofiechnical ternu, à l'article t-^^ , que les illuminés { ichrakiyoun) reçurent ce nom parce que la pureté de leur intérieur fut illuminée par l'effet de leurs exercices spirituels. Feu le docteur Cureton a examiné celte ques- tion dans les.notes et corrections du Cata- logue des manuscrits de la Bibliothèque Bodieyenne (t. Il, p. 53a), et il conclut que l'expression i^JiyiXl iUSZsi signifie la philo- " Sophie des illuminés et ne doit pas se rendre par philosophie orientale.

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