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2 PROLÉGOMÈNES

ils se guidaient) avaient été énoncées verbalement et dans le langage des Arabes; or les nombreuses significations offertes par chaque mot de cette langue [et surtout dans les textes sacrés] amenèrent, entre les premiers docteurs, la diversité d'opinions que tout le monde a remarquée. D'ailleurs, comme les traditions provenant du Prophète P. 2. leur étaient arrivées par des voies plus ou moins sûres, et que les indications qu'elles renfermaient étaient souvent contradictoires, ils se virent obligés de constater la prépondérance (de celles c|u'ils de- vaient adopter); ce fut encore là une source de dissentiments. Les indications données par le Prophète «ans être énoncées oralement ^ causèrent encore des divergences d'opinion. Ajoutons que les textes (sacrés) ne suffisaient pas toujours à la solution des nouveaux cas aui continuèrent à surgir; aussi, quand il fallait résoudre une question à laquelle aucun texte de la loi ne pouvait s'appliquer, on se voyait obligé à la décider d'après un autre texte n'ayant qu'un semblant de rapport avec le cas dont il s'agissait.

Toutes ces circonstances contribuèrent à produire une grande di- versité d'opinions et durent nécessairement se présenter. De là résul- tèrent les contradictions qui existent entre les doctrines des premiers musulmans et celles des imams (grands docteurs) qui vinrent après eux. D'ailleurs les Compagnons n'étaient pas tous capables de résoudre une question de droit, et ne se chargeaient pas tous d'enseigner les principes de la loi religieuse. Ces devoirs appartenaient spécialement à ceux qui savaient par cœur le texte du Coran, qui en connaissaient les (versets) abrorjeants, les (versets) abrogés, les passages dont le sens était obscur [molechabeh) , ceux dont la signification était cer- taine {mohkam), cl toutes les diverses indications fournies par ce livre, et qui, de plus, possédaient des renseignements qu'ils tenaient di- rectement du Prophète ou de ceux d'entre leurs chefs qui les avaient recueillis de sa bouche. On désigna ces personnes par le nom de lecteurs, c'est-à-dire lecteurs du livre [saint], parce qu'à celte époque

' C'est-à-dire, les indications fournies par ses gestes et par son silence.

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