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D'IBN RIIALDOUN.

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��leurs livres. Ainsi, pour démontrer la nouveauté (ou non-éternité, aparté ante) du monde, ils affirmèrent l'existence des accidents et leur nou- veauté; ils déclarèrent qu'aucun corps n'en était dépourvu, et en ti- rèrent cette conséquence, savoir, que ce qui n'est pas dépourvu de nouveautés (ou d'accidents non-éternels) est lui-même nouveau (non- éternel). Us mirent en avant l'argument de \ empêchement mutuel pour démontrer l'unité de Dieu'; ils se servirent des quatre liens qui at- tachent Y absent au présent "^ pour démontrer l'éternité des attributs.

Leurs livres renferment plusieurs autres arguments de cette na- ture. Voulant ensuite appuyer leurs raisonnements sur une base solide, ils dressèrent un système de principes qui devait leur servir de fondement et d'introduction. Ils affirmèrent, par exemple, la réa- lité de la substance simple (des atomes), l'instantanéité du temps (c'est- à-dire que les temps se composent d'une série d'instants), et l'exis- tence du vide'. Ils rejetèrent (l'opinion que) la nature (formait une loi immuable) et (celle de) la liaison intelligible des guiddités entre elles (niant ainsi la causalité). Ils déclarèrent que l'accident ne dure pas deux instants de temps (mais qu'il est créé de nouveau à chaque instant par la puissance toujours active de Dieu), et enseignaient que l'état, envisagé comme une qualité propre à tout ce qui existe, n'est ni existant

��' Voyez ci-devant, page Sa.

' Les Acliarites enseignaient que Dieu était savant au moyen d'un savoir, puissant au moyen d'une puissance et voulant au moyen d'une volonté qui lui étaient pro- pres. Les anciens docteurs de celte école employaient , pour démontrer ce principe , plusieurs arguments dont l'un était de juger de ce qui était absent ou invisible, par ce qui était présent, ou visible. Ils disaient, selon l'auteur du Mewakef, édi- tion de Leipsick, p. l"i, que la cause, la définition et la condition du présent s'ap- pliquent sans différence aucune à Val)sent; car il est certain que la cause qui rend sa-

��vant un êlre présent, c'est le savoir, et qu'il en est de même pour l'être absent; que la définition qui constate qu'un être est savant s'applique également à l'être présent et à l'être absent, et que la condi- tion qui assure la certitude de l'origine d'un homme présent, c'est la certitude de la racine d'où il sort, et cela est également vrai pour l'homme qui est absent. — Nous avons ici , il me semble , trois des liens dont parle Ibn Khaldoun; quant au quatrième, je ne l'ai pas trouvé.

' Voyez le Guide des Egarés de Mai- monide , édition de M. Munk , vol. I , p. 376 et suiv.

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