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��PROLEGOMENES

��sciences qui en dépendent, telles que l'astrologie, la magie et la con- fection des talismans. Parmi ceux qui se distinguèrent le plus dans cette partie furent [Djaber (Geber) Ibn Haïyan, natif de l'Orient^], Maslema Ibn Ahmed el-Madjrîli ^, natif d'Espagne, et les disciples de celui-ci. Les sciences dont nous parlons s'introduisirent, avec ceux qui les cultivaient, chez le peuple musulman et fascinèrent telle- ment les esprits que beaucoup de monde s'y laissa attirer et y ajouta foi. Ceux qui ont commis (ce péché) doivent subir les conséquences de leur faute, et, si Dieu l'avait voulu, ils ne l'auraient pas fait. {Coran, sour. VI, vers. 112.)

Lorsque le vent de la civilisation eut cessé de souffler sur le Maghreb et l'Espagne, et que le dépérissement des connaissances scientifiques eut suivi celui de la civilisation, les sciences (occultes) disparurent de ces deux pays ^ au point d'y laisser à peine une trace de leur exis- tence. On en trouve seulement quelques notions, chez de rares indi- vidus, qui doivent se dérober à la surveillance des docteurs orthodoxes.

J'ai appris qu'une forte provision de ces connaissances s'est trouvée, de tous les temps, dans les pays de l'Orient et surtout dans l'Irac persan et laTransoxiane. On m'a dit qu'on y cultive avec un grand em- pressement* les sciences intellectuelles et les sciences traditionnelles (religieuses). Cela provient du haut degré de civilisation auquel ces

��' Djaber Ibn Haïyan, natif de Tarsus, s'élablil dans la ville de Koufa el compila dans un grand ouvrage les doctrines de l'imam Djafer es-Sadec, dont il fut le dis- ciple. Cette indication montre qu'il était encore vivant au milieu du viii* siècle de notre ère. Il composa plusieurs traités sur l'alchimie. En Europe, les adeptes du moyen âge faisaient le plus grand cas de .ses écrits : Geber, c'est-à-dire Djaber, était pour eux le premier des alchimistes. — Le passage mis entre des parenthèses manque dans les manuscrits C el D et dans l'édi- tion de Bouiac.

��' Voyez plus loin , p. 17a , une note sur Maslema.

^ Je suis l'édition de Bouiac, qui porte L^ à la place de *j , et U^iw» à la place de

  • La leçon du texte imprimé n'est jus-

tifiée ni par l'édition de Bouiac ni par les manuscrits C et D. Bouiac porte jsio, elC et D j^. Je crois qu'il faut lire -^ , nom d'action d'im verbe qui signifie s'accrou- pir, se tenir prêt pour sauter sur sa proie ou pour éviter un danger, guetter, se tenir sur ses gardes, et qui se construit avec la piéposilioii jj./». Notre auteur a déjà em-

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