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DIBN KIIALDOUN.

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��savons cependant que les musulmans, lors de la conquête de la Perse, trouvèrent dans ce pays ime quantité innombrable de livres et de recueils scientifiques, et que (leur général) Saad Ibn Abi Oueccas i'- 90. demanda par écrit au khalife Omar Ibn al-Kbattab s'il lui serait per- mis de les distribuer aux vrais croyants avec le reste du butin. Omar lui répondit en ces termes : « Jette-les à l'eau; s'ils renferment ce qui peut guider vers la vérité, nous tenons de Dieu ce qui nous y guide encore mieux; s'ils renferment des tromperies, nous en serons débar- rassés, grâce à Dieu ! » En conséquence de cet ordre, on jeta les livres à l'eau ou dans le feu, et dès lors les sciences des Perses disparurent au point qu'il ne nous en est rien parvenu.

Passons aux Roum (les Grecs et les Latins). Chez ces peuples l'empire appartint d'abord aux Grecs, race qui avait fait de grands progrès dans les sciences intellectuelles. Leurs hommes les plus célè- bres, et surtout (ceux qu'on appelle) les piliers de la sa(jessc\ soute- naient tout le poids de ces doctrines, et les péripatéticiens^, gens du porti({ue', s'y distinguaient par leur excellent système d'enseignement. On dit qu'ils donnaient des lectures sur ces sciences à l'abri d'un portique qui les garantissait contre le soleil et le froid. Us préten- daient faire remonter leur doctrine à Locman le sage, qui l'aurait communiquée à ses disciples , qui l'auraient transmise à Socrate *. Celui-ci l'enseigna à son disciple Platon, qui la transmit à Aristote, qui la passa à ses disciples Alexandre d'Aphrodisée ', Themistius, et autres. Aristote fut le précepteur d'Alexandre, roi des Grecs, celui qui vainquit les Perses et leur enleva fempire. De tous les philo-

��' Selon le traducteur turc, ces sages étaient Pythagore, Empédocle, Socrate, Platon et Aristote.

' Lisez, dans le texte arabe, ^j.»LHl.

' L'auteur a confondu les péripatéticiens avec les stoïciens , le Lycée avec le Portiqii e.

' Le texte porte : » à Socrate du ton- neau. • ibn Khaldoun , à l'exemple de Dje- maled-Dîn el-Kifti, auteur du dictionnaire

��biographique des philosophes, attribue à Socrate ce qu'on raconte de Diogène. Le traducteur turc a passé par-dessus le mot (jiVl (le tonneau). Il a connu trop bien l'histoire de la philosophie grecque pour se laisser tromper.

' Ibn Khaldoun ne paraît pas s'être douté qu'Alexandre d'Aphrodisée était venu au monde plus de cinq siècles après Aristote.

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