Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

114 PROLÉGOMÈNES

ils fuyaient tous (cette espèce de faveurs) et les regardaient comme P. 80. des tentations et des obstacles (à leur progrès dans la vie spirituelle). (Pour eux), de telles perceptions de l'âme n'étaient que des choses créées, des choses non éternelles a priori; ils croyaient que la per- ceptivité humaine était incapable de les embrasser toutes, que ia connaissance possédée par Dieu était infinie, que ce qu'il a créé est immense et que sa loi (révélée) suffit pour nous diriger. Aussi ne par- laient-ils jamais des perceptions (spirituelles) qu'ils avaient obtenues; ils défendaient même de les examiner, et ne permettaient à aucun de leurs confrères qui aurait vu écarter les voiles de s'y arrêter pour y regarder, « Tenez-vous-en, disaient-ils, aux règles de l'ordre, en imi- tant et en suivant (les bons exemples), ainsi que vous le faisiez avant d'avoir assisté à Yécarlement et pendant que vous étiez dans le monde des sens. » Voilà comment doit se conduire celui qui aspire (à la sain- teté). C'est par le concours de Dieu qu'on réussitK

La science de l'inlerprélalion des songes.

L'interprétation des songes est une des sciences qui se rattachent . à la loi et qui prirent naissance dans l'islamisme. Elle parut à l'époque où l'on avait ramené les diverses connaissances à une classification artificielle et scientifique, et qu'on commençait à composer des livres sur ces matières. 11 est vrai que les songes et l'art de les interpréter existaient chez les hommes des temps anciens, de même que chez ceux qui vécurent dans les siècles postérieurs; mais, bien que cet art se pratiquât avant (l'islamisme) dans quelques sectes et chez quelques peuples, il ^ ne nous est pas parvenu, parce que, depuis lors, on s'en

' Je lis (jpjii *il[) avec le» manuscrits des doutes; et Ibn Khaldoiin, qui avait C et D, l'édition de Boulac et la traduc- des idées bien arrêtées au sujet du sou- lion turque. L'édition de Paris donne la lisme et qui croyait aux perceptions re- leçon du manuscrit A, laquelle signifie: cueillies dans le monde invisible, nepou- Dieu connaît la vérité de la chose. Mais cette vail terminer son chapitre sur ce sujet expression ne s'emploie qu'en pariant des par une phrase de ce caractère, choses au sujet desquelles on enlrelienl " C'est-à-dire l'ancien système.

�� �