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110 PROLEGOMENES

le discours du cheikh Abou Mehdi. Je l'ai extrait du traité que le vizir Ibn el-Khatîb ' composa sur l'amour (de Dieu?) et qu'il intitula : Et- iaarîf bil-mohabb cs-cherif (moyen qui fait connaître le noble bien- aimé). Je l'avais entendu plusieurs fois de la bouche du cheikh lui- même; mais, ne l'ayant pas vu depuis longtemps, il m'a semblé que ce livre devait conserver plus exactement que ma mémoire les paroles de ce savant docteur.

Un grand nombre de légistes et de casuistes se sont appliqués à réfuter les Soufis modernes, qui professent ces doctrines et d'autres opinions du même genre. Ils comprennent dans une même condamna- tion tout ce que les Soufis ont appris pendant qu'ils se livraient aux pratiques de leur ordre. Il est cependant certain qu'une discussion avec les Soufis doit porter sur plusieurs points. En effet, leurs disserta- tions roulent sur quatre sujets : i" le combat spirituel, les goâts et les extases qui leur surviennent, le compte qu'ils font rendre ^ à leur âme au sujet de ses actes, afin de se procurer ces goûts, qui devien- nent enfin une station de laquelle ils peuvent monter à une autre, ainsi que nous l'avons dit; 2° le dégagement (du voile des sens), les vérités (ou êtres) qui s'aperçoivent dans le monde invisible, telles que les attributs divins, le trône, le siège, les anges, la révélation, le prophétisme, l'âme (universelle), les natures réelles de chaque être visible ou invisible et l'ordre dans lequel les choses émanent de celui qui leur donne l'existence et l'être; 3° les actes d'autorité (exercés par certains hommes) sur les divers mondes et sur les êtres au moyen de grâces que Dieu leur a accordées; 4° les expressions qu'on est porté à prendre dans leur sens littéral et qui ont été employées par plusieurs de leurs grands docteurs, expressions qui, dans la termino- logie de l'ordre, sont désignées par le terme chalehat (paroles en l'air), el qui , prises à la lettre , ne donneraient pas des idées vraies de leurs P. 7«. pensées. Il y en a qu'on a blâmées, d'autres qu'on a acceptées et d'autres qu'on a expliquées par une interprétation allégorique.

' Celui-ci est le personnage dont notre auteur parle si souvent dans son autobiogra- phie. — ' Pour ïjyJ^ , lisez fc«-«.lrf..

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