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108 PROLÉGOMÈNES

a un être unique ^ et éternel, c'est-à-dire l'Etre qu'il doit adorer^. » Or nous venons de dire que la confession de l'unité est la négation de la réalité des choses créées, et cependant nous trouvons ici cette réalité positivement affirmée et même déclarée multiple ; nous y voyons la confession de l'unité repoussée; la déclaration est donc mensongère. C'est comme le cas de deux individus qui se trouve- P. 76. raient dans la même maison et dont l'un dirait à l'autre : « Il n'y a personne dans la maison excepté toi. >- A ceci l'autre n'aurait besoin de répondre que par sa présence même, ce qui équivaudrait à ces paroles : » Cela n'est pas vrai, à moins que tu n'y sois pas. »

« Quelques investigateurs minutieux ont dit que la proposition Dieu créa le temps implique une contradiction, parce que la création du temps a dû précéder le temps, et cependant cette création est un acte et n'» pu se faire que dans le temps. (A cela on a répondu qu') il fallait s'énoncer ainsi ', à cause de la difficulté avec laquelle le langage se prête à l'expression des vérités (abstraites), et de son impuissance de les énoncer et de les faire comprendre. Donc, si l'on reconnaît que l'être déclaré unique est véritablement unique et que tout ce qui n'est pas lui est néant, la confession de l'unité est réelle. Cette idée se retrouve dans une maxime énoncée par les Soufis, à savoir que Dieu seul connaît Dieu. Aucun blâme ne peut donc s'attacher à celui qui confesse l'unité de la vérité (c'est-à-dire de Dieu) pen- dant que les traces et les vestiges (du monde matériel) restent encore imprimés (sur son esprit); mais son acte rentre dans la catégorie des (actes qui ont donné lieu à cette maxime) : Les bonnes actions des hommes vertueux sont les mauvaises actions des hommes qui se trouvent rapproches [de Dieu). En effet, cet acte est une conséquence néces- saire de la contrainte et de la servitude (que cet homme souffre dans

' Pour <>ai.^, lisez o>»^j, correction ragraphe entier est omis dans l'édition de

autorisée par les manuscrits C et D. Doulac.

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corrections sont autorisées par le manus- avec les manuscrits C et D, et la Iraduc-;

crit C et par la traduction turque. Le pa- lion turque.

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