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8S PROLÉGOMÈNES

naissent les étals et les qualités^ qui en sont les produits et les bons résultats '^ Ces états et ces qualités en produisent d'autres par une progression successive qui se termine à la station de la confession de l'unité [tauhid) et de la connaissance. S'il se rencontre quelque défaut ou quelque imperfection dans le produit, on doit reconnaître que cela provient d'un défaut dans ce qui a précédé. Il en est de même des pensées qui passent par l'esprit de l'homme et des lumières surnatu- relles qui arrivent spontanément au cœur*. En conséquence de cela, l'aspirant a besoin de demander compte à son âme de ses disposi- tions dans tout ce qu'elle fait', et d'examiner jusqu'aux replis les . plus cachés de son cœur; car les actions doivent, de toute nécessité, produire des résultats, et si ces résultats sont imparfaits, cela provient de défauts dans les actions. L'aspirant s'aperçoit de cela par son P. 62. goût et entre en compte avec sou âme pour en découvrir la cause. Il y a bien peu d'hommes qui imitent dans cette pratique les Soufis , car l'indifférence à cet égard est pour ainsi dire universelle. Les hommes pieux qui ne se sont pas élevés jusqu'à cette classe (de mys- tiques) ne se proposent rien de plus que de remplir les seuls devoirs que la jurisprudence regarde comme sufQsants pour celui qui veut satisfaire (aux prescriptions de la loi) et s'y conformer. Mais les mys- tiques examinent scrupuleusement les résultats (de leur conduite), fai- sant usage pour cet examen des goûts et des extases^, dans le but de s'assurer si leurs actions sont exemptes ou non de quelque défaut.

II est donc évident que tout leur système est fondé sur la pratique d'obliger l'âme à se rendre compte de ses actions et de ses fautes d'o- mission, et sur les discours dans lesquels ils traitent des ^ou/5 et des extases qui, naissant des combats (livrés aux Inclinations naturelles),

' C'eslà-dire, les modifications durables le cœur de riiomme sans aucun effort

et passagères de l'âme. (S. de S.) — Voy. de sa part, ci-dessus, p. 87. * C'est-à-dire, par une lumière inlé-

  • Lilléral. n les fruits. » rieurc qui est une sorte d'inspiration

' Selon i'auleur du Tarifât, le terme divine. (S. de S.) is.i^l. désigne toutes les idées des choses ' Dans les extases , l'àme reçoit des ré-

du monde invisible qui surviennent dans vélalions; telle est l'opinion des Soufis.

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