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D'IBN KHALDOUN. 79

composent ne se reconnaissent pas dans le tumulte du combat; que dis-je? très-souvent les soldats des deux armées ont quelquefois de- meuré ensemble dans le même camp ou dans la même ville ; aussi se connaissent-ils, et, dans la mêlée, les' uns appellent les autres par leurs noms et leurs surnoms. Pour des armées aussi petites, l'ordre de marelle nommé tâhiya n'est pas nécessaire.

Les peuples qui en combattant emploient le système de charge et retraite, ont l'habitude d'établir sur les derrières de leurs armées une ligne (ou barricade) formée d'objets inanimés (comme des pierres, des bagages, etc.) ou -d'animaux (comme des chameaux et autres bêtes de somme), afin d'avoir un lieu où leur cavalerie puisse se réfugier dans les intervalles des retraites et des retours, et de faire durer le combat assez longtemps pour amener la défaite de l'ennemi. Les p. 69. peuples qui emploient la charge en ligne adoptent aussi quelquefois ce genre de retranchements afin de pouvoir combattre avec plus d'assu- rance et de vigueur. Les Perses, un de ces peuples, se servaient d'élé- phants dans leurs guerres. On plaçait sur le dos de ces animaux de grosses tours de bois remplies d'hommes armés et garnies de drapeaux. Pendant le combat, on tenait les éléphants alignés, comme autant de châteaux, sur les derrières de l'armée, et cela donnait aux troupes plus de courage et de confiance. Voyez cependant ce qui eut lieu à la ba- taille de Cadeciya : dans la troisième journée, les éléphants', chargés de leurs guerriers, s'avançaient rapidement contre les musulmans, quand plusieurs fantassins arabes se jetèrent entre eux et leur por- tèrent des coups de sabre sur les trompes ; cela les fit retourner sur leurs pas et courir jusqu'à El-Medaïn, pour se réfugier dans leurs écu- ries. L'armée perse, étant privée de ce soutien, -prit la fuite dans la quatrième journée.

Les Rouni (les Grecs et les Romains), les Goths d'Espagne et presque tous les autres peuples étrangers avaient pour point de ral- liement des trônes, sur lesquels leurs rois restaient assis pendant le combat. Autour du trône, se tenaient les serviteurs du souverain, les

' Il faut probablement lire ^'j-^ iJ^cif , à la place de Âj IjjuCif.

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