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��PROLEGOMENES

��ferme le mihrab, avec tout ce qui s'y trouve et tout ce quii'avoisine '. La première macsoara fut établie par Moaouïa Ibn Abi Sofyan, à la suite de la tentative du Rharedjite qui lui avait porté un coup d'épée. L'his- toire de cet événement est bien connue^. D'après un autre renseigne- ment, ce fut (le khalife) Merouan Ibn el-Hakem qui introduisit l'usage de la macsoura, après avoir reçu d'un Yéménite un coup de poignard. Les khalifes qui vinrent après eux conservèrent cet usage, qui a servi , depuis lors, à distinguer le khalife du peuple pendant la prière. L'in- vention de la macsoara date de l'époque où l'empire était devenu puissant, et où le luxe commençait à s'y introduire. Il en a été de même de tous les autres usages qui contribuent à la pompe de la souveraineté. Celui de la macsoura s'est conservé jusqu'à ce jour dans tous les royaumes musulmans, et, malgré le morcellement de fempire abbacide, et le grand nombre des dynasties qui s'élevèrent ensuite, il se maintient toujours dans les pays de fOrient. Après la chute de la dynastie oméiade qui régnait en Espagne, les petits sou- verains des villes et des provinces de cette péninsule conservèrent l'usage de la 7?7ac50Hra. Les Aghlebides du Maghreb avaient leur mac- soura à Cairouan; après eux, les khalifes fatemides s'en servirent, de même que les souverains de la famille de Badîs le Sanhadjien ^ aux- quels les Fatemides avaient laissé le gouvernement de ce pays. Les Hammadides d'El-Calâ avaient aussi leur macsoura. Les Almohades,

��' Le rnihrab d'une mosquée est la niche vers laquelle lou(e la congrégation se tourne en faisant la prière. D'après l'indi- cation donnée par Ibn Khaldoiin, la mac- soura, ou tribune du sultan, occupait la place qui, dans nos églises, s'appelle le chœur. Elle était quelquefois un banc fermé, placé auprès du mihrab, et quel- quefois une loge, ou fenêtre, pratiquée dans la muraille de la mosquée et n'ayant qu'une seule entrée , qui donnait sur la rue ou sur le parvis.

^ Pour mettre fin à la guerre civile qui

��régnait parmi les musulmans, (rois fana- tiques, appartenant à la secte des Kharr- djites ou dissidents, s'accordèrent à assas- siner, au même jour cl à la même heure, le khalife Ali , qui était à Koufa ; son com- pétiteur Moaouïa , qui se trouvait à Damas , et Amr Ibn el-Aci , gouverneur de l'Egypte. Ali reçut une blessure mortelle, Moaouïa fut blessé grièvement, mais il guéril, (l Amr échappa à la mort, ne s'élant pas rendu à la mosquée ce jour-là. ' Voy. ci-devant, p. 67, noie 5.

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