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70 PROLÉGOMÈNES

Quand nous voyons une telle charge confiée à El-Haddjadj , nous pou- vons juger du haut rang qu'il tenait parmi les Arabes ' : personne n'aurait pu les forcer à décamper, excepté un homme ayant un parti assez fort pour le garantir contre les violences des écervelés apparte- nant à ces tribus. Âbd el-Melek le choisit, sachant qu'il était d'un caractère assez ferme et qu'il avait assez de partisans pour bien rem- plir les devoirs de cette charge.

Lorsque l'amour du faste et les divers usages de la vie sédentaire s'introduisirent dans l'empire des Arabes , et que ce peuple se fut éta- bli dans les villes et les chefs-lieux des provinces'^, en abandonnant P. 61. leurs tentes pour se loger dans des palais, ils remplacèrent leurs cha- meaux par des chevaux, et se firent apprêter, avec des étoffes de lin^, des tentes de diverses grandeurs, faites d'après certains modèles. Ils en eurent de rondes*, de longues et de carrées, dans la fabrication desquelles ils déployèrent à fenvi^ toute la recherche possible et tous les embellissements de fart. Chaque^ émir, chaque général d'armée entoura ses tentes et pavillons d'une clôture en toile de lin [siadj). Dans le Maghreb, cette clôture s'appelle afrag, d'un mot emprunté à la langue des Berbers, habitants de ce pays '^. Les souverains maghré- bins se réservent le droit de s'en servir et n'en permettent l'usage à aucun de leurs subordonnés; mais, dans les royaumes d'Orient, chaque émir, bien que son rang soit inférieur à celui du sultan, entoure sa tente d'un sîadj. (Les Arabes,) ayant ensuite trouvé plus commode de laisser à la maison leurs femmes et leurs enfants, n'eu- rent plus besoin d'emporter tant de bagages. Dès lors les espaces

' Voy. ce que l'auteur a dit à ce sujet, signifie couper en rond. Ici la seule signi-

dans !a 1" partie, p. 60. fication qui convienne à cet adjectif est

" Pour nLï..»! JIj, lisez NLa-«ifL. celle queje lui ai donnée dans la traduction

' Le mot arabe est kitlan ; je suppose du texte.

��que l'auteur l'a employé pour désigner le ' Je lis yjlàjcrs:, leçon offerte parl'édi-

chanvre. tien de Boulac.

Pour^y , lisez ^Ly. Dans les diction- ' Dans plusieurs localités de l'Afrique

naires, ce terme est explique par ^rraniie ; septentrionale, le mot a/raj s'emploie pour

mais le verbe appartenant à la même racine désigner la cour intérieure d'une maison.

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