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D'IBN KEIALDOUN. 69

On les fait avec de la toile de laine, ou de coton, ou de lin filé' avec du coton. Ils servent à rehausser la dignité du souverain pen- dant qu'il est en voyage. Il y en a de diverses couleurs, et leurs di- mensions sont plus ou moins grandes, selon la richesse et la pros- P. 60, périté de l'empire. Au commencement de la domination islamique on se sei-vait (dans les expéditions militaires) des tentes ordinaires, celles qui formaient les habitations du peuple (arabe) avant cette époque. Sous les premiers khalifes de la dynastie oméiade, les Arabes habitaient des lentes faites de poil de chameau et de laine, et ils con- tinuèrent, pour la plupart, à vivre en nomades. Quand une tribu se mettait en marche pour faire une incursion ou pour aller à la guerre, toutes les fractions de cette peuplade partaient en même temps, et emmenaient avec elles leurs chameaux 2, leurs familles et leurs en- fants, ainsi que le font les Arabes de nos jours. Aussi les armées (mu- sulmanes), à cette époque, se composaient d'un grand nombre de tribus, dont chacune campait à part, et à une telle distance les unes des autres qu'elles ne pouvaient pas se voir. Tel est encore aujoui'- d'hui l'usage des Arabes (du Maghreb).

Cet état de choses mit (le khalife oméiade) Abd el-Melek dans la nécessité d'avoir une arrière-garde [saça] chargée de ramasser les traînards et de les empêcher* de rester en arrière quand l'armée se mettait en marche. On rapporte qu'il confia le commandement de cette troupe à EI-Haddjadj, d'après le conseil de Roub Ibn Zinbâa^. El-Haddjadj fut à peine entré en fonctions qu'il brûla le pavillon et les tentes de Roub, parce qu'il le trouvait encore campé le jour où l'ar- mée avait commencé sa marche, C'est là une anecdote bien connue.

��' Pour JtVjÇ., lisez Jo^.

^ Le mol ii-Mi [dhaïna) désigne le cha- meau qui porte le palanquin de voyage. 11 se dit également du chameau , du pa- lanquin et de la femme qui s'y trouve. Chez les nomades de l'Afrique septen- trionale, le palanquin s'appelle altoach ( jijjic), au pluriel atatîch (j~j5Lkc.

��' La particule qI a ici la signification négative.

  • Chef de la tribu de Djodam et gou-

verneur de la Palestine pour Abd el-Melek Ibn Merouan. (Pour d'autres renseigne- ments, voyez ma traduction du Diction- naire biographique d'Ibn Khallikan, t. II, p. 61.)

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