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D'IBN KHALDOUN.

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��destiné au souverain, aux personnes qu'il veut honorer en les autori- sant à s'en servir, et à celles qu'il investit d'une des hautes charges du gouvernement. Avant l'islamisme, les rois de Perse faisaient mettre dans l'élofie de leurs vêtements soit les portraits et les figures des sou- verains de ce pays, soit certaines figures et images appropriées à cet usage; mais les princes musulmans substituèrent leurs noms aux figures, en v joignant d'autres mots qui étaient regardés comme de bon augure, au qui exprimaient les louanges de Dieu. Sous les deux dynasties (celle des Oméiades et celle des Abbacides), on attachait la plus grande importance au tiraz. Les maisons où l'on tissait ces étoffes étaient situées dans l'enceinte même des palais habités par les khalifes , et on les nommait hôtels du tiraz. L'officier préposé à ces ateliers était nommé Yintendant du tiraz; il avait l'inspection sur les ouvriers et les métiers (à tisser), sur les tisserands qui y travaillaient, sur le paye- ment de leius gages et l'amélioration de leurs instruments; il surveil- lait aussi leur travail. Les princes confiaient cet emploi à un des grands officiers de l'empire ou à celui de leurs affranchis qu'ils honoraient de leur confiance. Il en fut de même en Espagne sous les Oméiades, et sous les petites dynasties [Moloak et-taivaïf) qui leur succé- dèrent, ainsi qu'en Egypte sous les Fatemides, et, dans l'Orient, à la cour des souverains persans, leurs contemporains. A mesure que l'étendue de ces empires diminuait, et que les souverainetés indépen- dantes devenaient plus nombreuses, le luxe, dans toutes ses formes, diminuait aussi (parce qu'on ne pouvait plus y suffire). Il en résulta que cet office tomba en désuétude dans la plupart des dynasties, et qu'on ne le conféra plus à personne.

Au commencement du vi*^ siècle, après que les Oméiades de l'Oc- P. Sg. cident eurent cessé de régner, les Almohades fondèrent leur empire. Dans les premiers temps de cette nouvelle dynastie, les souverains n'adoptèrent pas cette institution, parce qu'ils affectaient de suivre les exemples de piété et de simplicité que leur avait donnés leur imam, Mohammed le Mehdi, fils de Toumert \ et qu'ils se faisaient un scru- ' Voy. ia i" partie, p. 53 el suiv. Toumert, en berber, signifie petit Omar. On sait

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