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D'IBN KHALDOUN. 49

sait que le chameau obéit à la voix de son conducteur, et que le che- val se laisse impressionner par le sifflement et les cris de son cavalier. L'effet produit par les sons est encore plus fort quand ils ont des rapports (d'harmonie) les uns avec les autres, ainsi que cela se trouve dans les chants. Le lecteur sait à quel point la musique affecte ceux qui l'entendent. C'est pour cette raison que les peuples étrangers font jouer des instruments de musique sur le champ de bataille, et n'emploient ni tambours ni trompettes. Les musiciens entourent le roi, comme faisant partie de son cortège, et jouent avec un tel effet, qu'ils animent les guerriers à courir au-devant de la mort. Chez les Arabes (nomades de l'Afrique) , nous avons vu que , dans leurs guerres , le récitateur marche en tête du cortège (qui entoure le chef), en chantant des vers, afin d'exciter le courage des guerriers; et il en résulte qu'ils se précipitent à l'envl sur le champ ' de combat, pour s'élancer chacun contre son adversaire. Le même usage se retrouve chez les Zenata, peuple (berber) du Maghreb : leur poëte marche en avant de la colonne et chante à faire tressaillir les montagnes; il oblige ainsi à courir au-devant de la mort ceux qui n'y pensaient même pas. Us appellent ce chant tazouagaïP. Ces effets sont le ré- sultat d'un sentiment de joie que l'on éprouve dans l'âme et qui ré- veille le courage avec autant de force que le vin , liqueur qui inspire aussi un sentiment de joie.

Si l'on augmente le nombre des drapeaux, si on les prend de di- verses couleurs et d'une grande longueur, c'est uniquement pour ins-

Variante : jL^. a suivi l'autorité, portent c>J»[j-^^. qui

' Tazouagaït dans le langage des Ber- est la bonne leçon; l'édition de Paris donne,

bers signifie cri, chant du coq. Il est fa- o-il^fj-ojl-J, conformément à la leçon du

cile de voir que ce mot est dérivé de l'a- manuscrit A . Mais le copiste de ce ma-

rabe; en supprimant le ta initial et le t nuscrit s'est évidemment laissé tromper

final, lettres au moyen desquelles ils her- par la lettre sad, dans laquelle un zas'é-

bérisent le» noms étrangers, nous avons tait trouvé inscrit pour une raison que

zouagaï, en arabe <j 'ij, qui est le pluriel notre auleur a expliquée, i" partie, p. 69.

de *aJi3, mot appartenant à la racine Jf; N'ayanlpas compris ce que ce groupe vou-

jiij, /)Oimer(fe« cm. Tous nos manuscrits, lait dire, il l'a décomposé en deux lettres

à l'exception de celui dont M. Quatremère et a formé un mot qui n'offre aucun sens. Prolégomènes. — ii. -j

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