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D'IBN KHALDOUN. 445

De l'étude du droit il ne reste en Espagne qu'un vague souvenir, une ombre de la réalité, et celle des sciences intellectuelles n'y a pas laissé même une trace. Cela doit s'attribuer à l'interruption de la tra- dition scolaire, par suite du déclin de la civilisation et du progrès de la domination chrétienne. Un petit nombre de musulmans, ceux qui habitent les pays du littoral, ont conservé leur indépendance, mais ils s'occupent bien plus de leurs moyens de subsistance que des matières scientifiques. La puissance de Dieu domine dans tous les évé- nements.

La tradition de l'enseignement n'a pas été interrompue en Orient; les études y trouvent toujours des encouragements et l'enseignement y est répandu comme une mer qui déborde. Cette tradition s'y est conservée, parce que la civilisation n'y a jamais reculé. Quelques grandes villes, telles que Baghdad, Basra et Koufa, ont pu tomber en ruine, après avoir été les dépôts de toutes les connaissances scien- tifiques; mais elles ont été remplacées par d'autres encore plus grandes, d'où la science s'est répandue dans l'Irac persan, et, de là, dans le Khoraçan et la Transoxiane, du côté de fOrient; puis jus- qu'au Caire et aux pays voisins, du côté de l'Occident. Ces villes ont continué à posséder une nombreuse population et à jouir d'une haute civilisation; aussi les bonnes traditions de l'enseignement s'y sont toujours maintenues.

Comme les Orientaux sont en général très-habiles dans rensei- gnement et même dans tous les autres arts, la plupart des Maghré- bins qui ont visité fOrient afin d'y faire des études se sont imaginé que, dans ce dernier pays, les habitants sont bien supérieurs en in- telligence à ceux du Maghreb. Ils pensent aussi que, chez les Orien- P. 38 1 taux, fàme raisonnable est plus complète par sa nature que chez les Occidentaux. Voyant combien ceux-là montrent de talent dans les sciences et d'habileté dans les" arts, ils croient que la différence qui existe (en ce point) entre les deux peuples provient d'une diffé-

conservait la première leçon, il faudrait lire, plus loin, < — a — s — ^Li , à la place de

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