Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/434

Cette page n’a pas encore été corrigée
426
PROLÉGOMÈNES


qu’il doit adorer et vers les communications que les prophètes ont apportées de la part de Dieu. C’est par le don de la réflexion que Dieu a mis l’homme en état de réduire tous les animaux sous son autorité et de les soumettre[1] à sa puissance ; c’est aussi par ce don qu’il lui a assuré la supériorité sur la plupart des êtres créés.

De la réflexion.

Dieu a distingué l’homme de tous les autres animaux en lui accordant la réflexion, faculté qui marque le commencement de la perfectibilité humaine et qui achève la noblesse de l’espèce, en lui assurant la supériorité sur (presque tous) les êtres. (Pour en comprendre la nature,) il faut savoir que la perception est l’acte par lequel l’être perceptif aperçoit en lui-même ce qui est en dehors de lui. De tous les êtres créés, les animaux sont les seuls qui jouissent de cette faculté : ils aperçoivent les objets extérieurs au moyen des sens externes dont Dieu les a pourvus. Il y en a cinq : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût et le toucher. L’homme possède, de plus, la faculté de la réflexion, qui, placée derrière les sens, lui procure la perception de ce qui est en dehors de lui. Cela se fait au moyen de certaines puissances, qui, situées dans les ventricules du cerveau, saisissent les formes des choses sensibles, les retournent dans l’entendement et leur donnent, par abstraction, d’autres formes. La réflexion, agissant derrière les sens, opère sur ces formes; c’est elle et l’acte de l’entendement qui les retournent pour les décomposer et les combiner, et voilà ce que Dieu a désigné par le mot afida (cœurs) dans ce passage du Coran

    les accidents qui surviennent à l’essence de cette vérité; il y persévère jusqu’à ce qu’il acquière, comme une faculté, la connaissance de ces accidents. Alors ce qu’il a découvert à ce sujet forme une science sui generis. Comme les hommes de la nouvelle génération (lisez الجيل) aspirent à connaître ces faits et s’empressent de les apprendre, cela donne lieu à l’enseignement de cette branche de connaissances. On voit par là que les sciences et l’enseignement sont naturels à l’espèce humaine.»

  1. Pour فصار, je lis فاصار, avec le manuscrit A, et je remplace ماكت par ماكة.