ce résultat, il faut que les diverses espèces de connaissances et (les produits de) la spéculation continuent à faire augmenter l'intellectualité de l’âme. Les arts et la faculté de s’en servir fournissent toujours un système de notions instructives \ qui est le produit de cette faculté ; et voilà pourquoi la prudence qui résulte de l’expérience, la faculté qui s’acquiert par l’exercice d’un art quelconque, et la civilisation sédentaire, quand elle est arrivée à la perfection, contribuent toutes à donner de l’intelligence (à l’âme). La civilisation sédentaire produit cet effet, parce qu’elle consiste en une réunion d’arts qui servent, les uns, à l’économie domestique, et les autres, à façonner l’homme à la vie sociale, à lui former les mœurs et à le mettre en contact avec ses semblables. L’observation des devoirs imposés par la religion, des préceptes et des obligations qu’elle enseigne, enfin tout ce que nous venons d’énumérer, forme des systèmes de connaissances qui augmentent l’intelligence.
De tous les arts, celui de l’écriture est le plus efficace sous ce rapport, parce qu’il offre des connaissances et des matières de spéculation qui ne se trouvent pas dans les autres. L’écriture a pour effet de faire voyager la pensée en la faisant passer de la forme des lettres tracées (sur le papier) aux paroles énoncées par la bouche, et peintes dans l’imagination, et, de ces paroles, aux idées qui sont dans l’âme. La pensée passe, sans s’arrêter, d’indication à indication, tant qu’elle P. 363. s’occupe de ce qui est écrit. L’âme, s’étant habituée à ce travail, acquiert la faculté de passer des indications aux choses indiquées, faculté qui est réellement la spéculation intellectuelle, au moyen de laquelle on se procure des connaissances que l’on ignorait. Par là l’âme acquiert la faculté de s’intellectualiser, ce qui ajoute encore à son intelligence et augmente la perspicacité et l’adresse que l’habitude de passer (des indications aux choses indiquées) lui avait acquises. Voilà pourquoi^ Chosroès disait de ses gens de bureau, en les voyant si sagaces et si habiles, qu’ils étaient divané, c’est-à-dire, des diables et
Littéral. « un canon scientifique. « — ^ Lisez tiUjJj avec le ms. D et l’édition de Boulac.