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la force des armes. Ils étaient alors tout à fait nomades et habitués aux privations, ainsi que chacun le sait; mais ils possédaient les sen-timents de la religion dans toute leur fraîcheur’, et cette aversion qu’elle inspire pour les choses de simple agrément et pour toutes les occupations qui ne servent ni à faire triompher la cause de Dieu, ni a se procurer la subsistance; aussi méprisèrent-ils le chant jusqu’à un certain point, ne le trouvant agréable que dans la psalmodie du Coran et dans cette manière de moduler les vers dont ils s’étaient fait un système et une habitude. Le luxe étant survenu avec les commodités de la vie et les richesses qui provenaient des dépouilles des peuples, les Arabes se laissèrent entraîner vers les plaisirs de la vie, la jouissance du bien-être et les douceurs du repos.

Les chanteurs perses et grecs s’étant alors répandus dans le monde, (plusieurs d’entre eux) passèrent dans le Hidjaz et se mirent sous le patronage des Arabes. Ils savaient tous jouer de Vaoad{\e luth), du lanbour (la pandore), du miezcf [Isl harpe) et du viizmar (la flûte). Ils lirent alors entendre aux Arabes des airs que ceux-ci adoptèrent en chantant leurs poésies. Ce fut alors que Nechît el-Fareci figura à Médine, ainsi que Towaïs^ et Saïb Khather^, chent d’Abd Allah Ibn Djafer". Quand ils eurent entendu les chansons arabes, ils les apprirent et les chantèrent si bien qu’ils se firent une grande réputation. Mabed ’•', Ibn Soreidj ** et leurs confrères eurent ceux-là pour maîtres.

L’art du chant continua à faire du progrès et, sous la dynastie des

’ J’adopte la leçon Os Uài , celle qui est Taleb, mourut l’an 80 de l’hégire (699-

offerte par l’édition de Boulac. 700 de J. C.)

’ Eïça Ibn Abd Allah, surnommé îo- AbouAbbad Mabed Ibn Ouehb, client

waïs « le petit paon , » fut client de la tribu d’Abd er-Rahman Ibn Catan , chantait tres-

de Makhzoum, et habitait la Mecque. Il souvent à la cour d’ElOuelid Ibn Yezîd;

mourut l’an 92 de l’hégire (710-711 de il mourut sous le règne de ce khalife. Les

J. C). airs qu’il composa obtinrent une grande

’ Saïb Khalher était d’origine persane. célébrité. Un poète disait de lui : « ïowaï.s

Il habitait Médine et fut tué à la bataille chantait bien, et Ibn Soreïdj plus tard;

d’El-Harra, l’an 63 de l’hégire (683 de maisc’esl Mabed qui a remporté la palme. »

J» C). ’ Abou Yahya Obeïd Ibn Soreïdj était

’ Abd Allah ibn Djafer, pelit-fils d’Abou encore un des protégés d’Abd Allah Ibn