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418 ' PROLÉGOMÈNES

Us formaient un discours composé de parties égales les unes aux autres \ en établissant entre elles un rapport mutuel qui se recon- naissait au nombre de lettres nmes et de lettres quiescentes^ qui s'y trouvaient. En opérant ainsi, ils produisaient un discours consis- tant en plusieurs parties, dans chacune desquelles il y avait un sens complet, sans qu'on fût obligé de passer à la partie suivante. Ces beïl, car on les désigne par ce terme, conviennent parfaitement à la na- ture (de l'esprit humain), d'abord, parce que chacun d'eux forme ime partie distincte, puis à cause de leurs rapports mutuels en ce qui regarde leurs fins et leurs commencements, et ensuite, par la net- P. 359. teté avec laquelle ils transmettent les pensées qu'on veut commu- niquer aux autres et qui se trouvent renfermées dans la composition même de la phrase. De toutes leurs façons de s'exprimer, ce fut la poésie qu'ils admiraient le plus; ils lui assignèrent le plus haut degré de noblesse, parce quelle se distinguait spécialement par ces rap- ports mutuels dont nous avons parlé. Ils en firent le dépôt* de leur histoire, de leurs maximes de sagesse et de leurs titres à l'illustration; ils s'en occupèrent afin d'aiguiser leur esprit en l'habituant à bien sai- sir les idées et à employer les meilleures tournures de phrase. Depuis lors, ils ont continué à suivre cette voie. Les rapports offerts par les diverses parties (ou vers) d'un poëme et par les lettres mues etquies-. centes ne forment toutefois qu'une seule goutte du vaste océan des rapports des sons, ainsi que le Kitab el-Mousiki'^ nous le fait voir. Mais les Arabes ne s'aperçurent pas de l'existence d'autres rapports que ceux offerts par leurs poésies; car, à cette époque, ils n'avaient

��' Ces parties, ce sont les vers.

' C'est-à-dire les syllabes brèves et les syllabes longues.

' Le terme employé ici est ditvan , qui signiTie recueil, registre.

  • Haddji Khalifa , dans son Dictionnaire

bibliographique, indique deux ouvrages portant ce titre, l'un d'Abou '1-Abbas es- Serakhchi, mort en 286 de l'hégire (899

��de J. C. ) , et l'autre de Thabet Ibn Corra , mort en 288 (901 de J. C). Un troisième ouvrage du même titre eut pour auteur le célèbre El-Farabi, mort en 56i (1 166 'de J. C.) , et c'est très-probablement de celui- ci qu'Ibn Khaldoun veut parler. M. Ko- segarten en a donné une analyse au. commencement de son édition , malheu- reusement inachevée, du Kitah elAghani.

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