Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/396

Cette page n’a pas encore été corrigée

388 PROLÉGOMÈNES

en chair et la partie grossière ' en os. Le corps se débarrasse ensuite des matières superflues, n'en ayant plus besoin; telles sont la sueur, la salive, les mucosités et les larmes. Voilà comment se fait la nu- trition et comment elle passe de la puissance à l'acte pour former de la chair, p. 335. Nous dirons maintenant que les maladies les plus graves, celles qui amènent toutes les autres, ce sont les fièvres. Elles ont pour cause l'impuissance où se trouve la chaleur des organes d'opérer, d'une manière complète, les diverses coctions que la matière des aliments doit subir dans le corps, et de là résulte qu'une partie de cette matière y reste dans un état de crudité. Cette impuissance provient ordinairement de la présence dans l'estomac d'une si grande quantité d'aliments que la chaleur de cet organe ne suffit pas pour en effectuer la coction; ou bien, elle a pour cause l'introduction d'aliments dans l'estomac avant qu'il ait digéré complètement ceux qui y étaient déjà. La chaleur de ce viscère s'attache alors aux aliments pris en dernier lieu et laisse les autres dans l'état où ils étalent; ou bien, elle partage ses forces entre les deux, et se met ainsi dans l'impuissance d'en opérer la coclion complète. La chaleur du foie, auquel l'estomac en- voie (le chyle provenant de) ces aliments, est aussi trop faible pour en opérer la coction, de sorte qu'il en renferme une portion tout aussi crue qu'au moment où elle y était entrée. Le foie envoie dans les veines tous ces fluides mal cuits et tels qu'ils l'étaient. Le corps, ayant obtenu la quantité (de chyle) dont il a besoin, se débarrasse de, ces crudités autant qu'il le peut, de même qu'il rejette au dehors les autres humeurs superflues, telles que la sueur, la salive et les larmes; mais, si elles sont trop abondantes, elles restent dans les veines, dans le foie et dans l'estomac, et augmentent en quantité de jour en jour. Or tous les mélanges dont le tempérament est humide se corrompent, s'ils n'ont pas subi une coction parfaite, et cela arrive effectivement aux crudités dont nous parlons et qui s'appellent les

^ Pour iJàUê , lisez ^izJji.

�� �