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D'IBN KHALDOUN. 329

tiennent des gardiens ayant des épées nues à la main; ou bien en- P 281 core, c'est la terre qui s'ébranle \ comme si elle allait les engloutir. On débite une multitude de fables semblables.

Dans le Maghreb, on trouve un grand nombre de talebs'^ parmi les Berbers, qui, ne sachant aucun métier et n'ayant appris aucun des moyens naturels de gagner leur vie, recherchent la faveur des gens riches en leur montrant des feuilles de papier dont les marges sont rongées (comme par la vétusté) et couvertes, soit de caractères barbares, soit d'une prétendue traduction d'une pièce laissée par quelqu'un qui aurait caché un trésor. «Voici, disent-ils, ce qu'on avait écrit dans le but d'indiquer les lieux où ces trésors sont cachés. » Ils veulent, par cet artifice, tirer de l'argent des gens à qui ils s'a- dressent, en les excitant à faire des fouilles pour chercher ces dé- pôts et en leur donnant à entendre que, s'ils ont recours à eux pour cette recherche, c'est uniquement afin de se procurer un appui et de se garantir, à la faveur de leur crédit, des poursuites des ma- gistrats et des châtiments auxquels ils s'exposent. Il n'est pas rare que quelques-uns do ces imposteurs emploient des tours d'adresse ou de prétendus sortilèges, afin de faire accueillir comme vraies les déclarations qu'ils se réservent de faire, et cela sans avoir aucime connaissance de la magie ni des pratiques de cet art. Beaucoup d'es- prits faibles (se laissent ainsi séduire et) s'empressent de rassembler des ouvriers pour faire des fouilles; ils se livrent à ces travaux pen- dant l'obscurité de la nuit, afin de se soustraire aux regards des curieux et des espions employés par le gouvernement. Quand ils ne trouvent rien, ils en rejettent la cause sur ce qu'ils ignorent le talis- man avec lequel on avait scellé le trésor qu'on cherchait. Ils essayent ainsi de se faire illusion à eux-mêmes, afin de se consoler d'être trompés dans leurs espérances.

��le manuscrit A, de sorte que M. de Sacy n'en a pas eu connaissance.

' Pour ocCtf^, lisez i>^-

^ Le mot taîeb n chercheur, chercheur Prolégomènes. — ii.

��de science,» s'emploie pour désigner les étudiants en droit et en théologie. Pour le vulgaire, le tnleb est un savant accompli, un homme qui sait lire cl écrire.

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