Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/309

Cette page n’a pas encore été corrigée

D'IBN KHALDOUN. 301

la recherche de ce qu'il y a de meilleur et dans l'empressement à cultiver les divers arts : ceux, par exemple, qu'on a inventés pour l'amélioration de la cuisine, des objets d'habillement, des édifices, des tapis, de la vaisselle et de toutes les autres choses qui figurent dans l'économie d'une maison. Pour arriver à un résultat satisfaisant dans chacune de ces parties, il faut le concours de plusieurs arts dont on n'a aucun besoin dans la vie nomade, et qui n'y sont nulle- ment recherchés. Quand on a porté jusqu'à la dernière limite de l'élé- gance tout ce qui se rattache à féconomie domestique, on cède à l'entraînement de ses passions, et les habitudes du luxe commu- niquent à l'âme une variété d'impressions' qui fempèchent de se maintenir dans la voie de la religion et nuisent à son bonheur dans ce monde.

Ces habitudes, envisagées sous le point de vue religieux, détei- gnent sur l'âme et y laissent des taches qui s'enlèvent très -difficile- ment; envisagées sous le point de vue mondain, elles créent tant de besoins et imposent tant de charges que tout ce qu'on peut gagner (par le travail) ne suffit pas pour y satisfaire. Afin de rendre cela plus clair, nous ferons observer que, dans les grandes villes, la variété des arts qui naissent de la civilisation de la vie sédentaire entraine les habitants dans de grandes dépenses-. Or le degré de cette civilisa- tion varie avec le nombre de la population : plus la population est grande, plus la civihsation est complète. D'ailleurs nous avons déjà dit que toute ville renfermant une nombreuse population se distingue parla cherté des denrées exposées dans ses marchés, et par le haut prix des objets qui servent aux besoins de la vie. Les droits imposés par le gouvernement sur ces marchandises contribuent à leur cherté. (Ces droits sont très-considérables) car la civilisation n'atteint son en- tier développement qu'à l'époque où le gouvernement est parvenu à son plus haut degré de force, époque pendant laquelle fadminislra- tion étabht toujours de (nouveaux) impôts, parce qu'elle fait alors de i>. 257.

' Littéral, «de teintures. » — ^ Pour |<ii*J , lisez -t MK J'.

�� �