Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée

286 PROLÉGOMÈNES

ces volontaires, à titre de solde et de subsistance (aoula), des terres qui peuvent les alimenter, eux. et leurs chevaux. Mais la vraie cause de la cherté des grains chez les musulmans espagnols est celle que nous venons d'indiquer. 11 en est bien autrement dans le pays des Berbers : la végétation y est vigoureuse, le sol est fertile et n'exige aucun apprêt dispendieux; les terres cultivées sont très-nombreuses et tout le monde en possède. De là il résulte que les vivres y sont à bas prix. Dieu règle les vicissitudes des nuits et des jours.

P. 2(1 3. Les gens de la campagne ne sont pas assez riches pour habiter les villes '

qui possèdent une nombreuse population.

Dans les villes qui renferment une nombreuse population, le luxe est très-grand, ainsi que nous l'avons déjà exposé, et, pour cette rai- son, les habitants se sont créé beaucoup de besoins (factices), dont le nombre s'accroît toujours à cause des fréquentes tentations qui s'y olïrent. Ces besoins deviennent (pour eux) des nécessités (auxquelles il faut absolument satisfaire). Ajoutez à cela que tous les produits de l'industrie y sont chers et même les simples commodités de la vie. Cela a pour cause, d'abord, l'empressement que l'on met à les re- chercher, empressement qui résulte de l'influence du luxe, et, en- suite, le poids des impôts que le souverain fait prélever dans les mar- chés et dont il frappe tous les objets mis en vente. L'effet s'en fait sentir^ dans les prix des marchandises, des vivres et des produits du travail, et ajoute beaucoup à leur cherté. Il en résulte que les habi- tants^ de la ville sont obligés de faire des dépenses plus ou moins fortes, selon la grandeur de la population. Ils ont besoin de beau- coup d'argent pour suffire à leurs déboursés, qui sont très-considé- rables, puisqu'ils doivent pourvoir à leurs propres besoins et à ceux de leur famille, se procurer les choses nécessaires à l'existence et faire face à bien d'autres charges. Or l'habitant de là campagne n'a pas un grand revenu, parce que, dans le heu où il demeure, les marchés

' Pour jLoit, lisez ^-ail. — ' Pour ^aajùj , lisez ^*>ajj. — ' Pour *-aJ=>U, li- sez <Ol^L..

�� �