l’atmosphère, il faut la construire dans un endroit où l’air est pur et qui ne soit pas sujet à des maladies. Si l’air y est dormant et de mauvaise qualité, ou si la ville est située dans le voisinage d’eaux corrompues, d’exhalaisons fétides ou de marais insalubres, l’infection des environs s’y introduira promptement et donnera des maladies à tous les êtres vivants que cette ville renferme. Cela est un fait que l’on peut remarquer tous les jours. Les villes que l’on a construites sans avoir eu égard à la qualité de l’air sont exposées à des maladies très-fréquentes. La ville de Cabès, située dans le Djerîd de l’Ifrikiya, province maghrébine, est très-remarquable sous ce rapport. Les habitants et les étrangers qui s’y rendent n’échappent guère à des fièvres pestilentielles, malgré toutes leurs précautions. On dit que l’insalubrité de cette ville a commencé dans les temps modernes et qu’auparavant elle n’était pas malsaine. El-Bekri rapporte que ce changement eut lieu parce qu’en creusant la terre on avait trouvé un vase de cuivre scellé avec du plomb ; on brisa le sceau, et le vase laissa échapper une fumée qui monta dans les airs et se dissipa : dès lors commencèrent les fièvres qui ont depuis affligé la ville. Cet auteur veut donner à entendre que le vase renfermait un tahsman fabriqué pour écarter les épidémies, que l’influence de ce talisman disparut avec lui et que l’infection et l’épidémie reprirent leur cours. C’est là une histoire dans le genre de celles ([ui ont cours parmi les gens du peuple et qui sont conformes à leurs opinions mal fondées. El-Bekri n’avait pas une instruction assez solide, une intelligence assez éclairée pour rejeter ce conte ou pour en remarquer l’absurdité; aussi l’a-t-il donné tel qu’il l’avait entendu’.
’ Voici le passage d’El-Bekri :« Les ha- chez nous pour la première fois.» (Dé- bitants racontent que leur territoire s’était cription de l’Afrique septentrionale, page 46 distingué par la salubrité de son air, jus- du tirage à part.) On voit qu’Ibn Khal- qu’à ce qu’on y eût découvert un talisman donn a cité ce passage de mémoire, en sous lequel on croyait trouver un trésor. y ajoutant un trait tiré des Mille et une On fit des fouilles à cet endroit , et l’on re- Nuits, et qu’il a censuré El-Bekri injus- tira de l’excavation une terre poudreuse. tement. En effet, celui-ci ne rapporte l’his- Ce fut alors, disent-ils, que la peste éclata toire que comme un on dit.