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D'IBN KHALDOUN. 15

geait Ja comptabilité et le diwan (ou bureau des finances). Il admi- nistrait, d'une manière absolue, les revenus de l'Etat et les dépenses de toute nature ; il obligeait les percepteurs à rendre leurs comptes régulièrement; il pouvait confisquer leurs biens (au profit du trésor) et leur infliger des châtiments corporels en cas de négligence de leur part. Pour remplir ces fonctions, on devait être almohade. Chez les Hafsides, la place de secrétaire d'Etat^ se donnait à quiconque savait bien rédiger une dépêche, pourvu qu'il fût d'une discrétion éprouvée. Cela se faisait parce que l'écriture n'était pas un art que P. Ton cultivât chez les Almohades, et que la correspondance ne se faisait pas en leur langue (le berber). La condition d'être né Al- mohade n'était donc pas exigée.

Le sultan (hafsido), voyant le grand accroissement de son empire et le nombre de gens qui recevaient une solde et formaient sa mai- son, dut prendre un cahreman'^ pour organiser et diriger fadminis- tration du palais. Cet officier avait dans ses attributions les rations, les traitements et fhabillement; il pourvoyait aux dépenses des cui- sines, des écuries, etc. il tenait au complet les magasins (de vivres et d'armes), et, quand il avait besoin de fournitures, il payait en man- dats remboursables par les receveurs de contributions. On donnait à ce fonctionnaire le titre de hadjeb. Quand il avait une belle écri-- ture , on le chargeait de tracer le parafe impérial sur les documents émanant du sultan ; s'il n'écrivait pas bien, on confiait cette tâche à un autre. Cet état de choses se maintint pendant quelque temps. Le sultan était d'abord son propre hadjeb; ensuite il y eut un hadjeb en titre, celui dont nous parlons, et qui sert d'intermédiaire entre le souve- rain et les personnes de toute condition, fonctionnaires publics ou autres. Dans les derniers temps de la dynastie, on ajouta aux fonc- tions du hadjeb l'administration du bureau de la guerre et la conduite des opérations mihtaires; puis on le choisit pour conseiller privé (du sultan); aussi cette charge devint-elle la plus importante de

' Liltéral «la plume. » — ' Ce mol, emprunté aux Persans, signifie ici intendant.

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