204 PROLÉGOMÈNES
individu; seulement, de temps en temps, paraissait un homme qui entreprenait de soutenir la sonna et de mettre (in aux actes répréhen- sibles. En s'occupant de cette tâche, il gagnait de nombreux parti- sans, dont le principal soin était de veiller à la sûreté des voyageurs; car les Arabes nomades , voulant pourvoir à leur propre subsistance de la manière qui leur était la plus naturelle , celle que nous avons indiquée ailleurs', commettaient de grands excès. Ces réformateurs faisaient tout leur possible pour mettre un terme à ces désordres, et lâchaient surtout de pourvoira la sûreté des voyageurs. Malheureuse- ment ils n'avaient pas chez eux une foi'te teinture de religion. Pour les Arabes, se tourner vers Dieu et revenir à la piété signifie renon- cer aux incursions et au pillage. De toutes les prescriptions de la ve- ligion ils ne connaissent que cela; car, le brigandage étant le péché auquel ils s'adonnent le plus avant de se tourner vers Dieu , c'est celui auquel ils se bornent à renoncer. On verra toujours que les par- tisans des gens qui font de pareils appels et qui prétendent faire res- pecter les prescriptions de la sonna ne sont pas très -versés dans les diverses ramifications de la doctrine qui consiste à imiter et à suivre (l'exemple du Prophète). Toute leur religion se borne à ne pas com- p. 176. mettre des vols ni des actes de violence, à s'abstenir du brigandage, et puis à chercher, avec une ardeur extrême, les biens de ce monde et les moyens de vivre à leur aise. Il y a cependant une grande différence entre travailler pour le bien public et rechercher des biens mondains; ces deux sentiments ne peuvent pas se concilier. La religion n'ayant laissé dans leurs cœurs qu'une teinture très-faible, leur renonciation aux vanités de ce monde n'est nullement parfaite. Le nombre d'in- dividus (qui prennent part à ces tentatives) n'est jamais très-grand; leur chef est toujours à balancer entre les intérêts de la religion et les siens, et à travailler pour son propre avantage, sans se préoccu- per de ses partisans; aussi, quand il meurt, l'entreprise s'arrête, et son parti ne tarde pas à se dissoudre. Voilà ce qui arriva au nommé Cacem
' Voyez 1" partie, p. Sog.
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