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D'IBN KHALDOUN.

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��sujet de l'imam et des nakibs^ Ils accueillirent avec avidité les paroles des chîïtes, et allèrent si loin dans l'observance de leurs pratiques que, pour justifier leur usage de porter la kliirca ^, ils disaient qu'Ali en avait revêtu El-Hacen el-Basri en lui faisant prendre l'engagement de suivre exactement la voie^, et qu'ils tenaient cette pratique d'El-Djo- neïd\ un de leurs grands docteurs. Or on ne possède aucune tradi- tion authentique qui nous autorise à croire qu'Ali ait fait cela. D'ail- leurs, cette voie n'était pas particulière à Ali; elle appartenait également aux autres Compagnons du Prophète, tous camarades«dans la voie de P. i65. la religion. Au reste, cette indication d'Ali à leur exclusion, jointe à d autres circonstances, sent fortement le chîïsme, et fait comprendre que les soufis étaient entrés dans cette secte^et s'y étaient affiliés. Les livres composés par les rafedites-ismaïliens et par les soufis des temps postérieurs sont remplis de choses concernant le Fatemide altenda, et semblables à celles que nous venons de rapporter. Les sectaires des deux partis s'enseignaient mutuellement ces histoires, bien que, des deux côtés, elles ne reposent pas sur une base solide. Quelques-uns parmi eux appuyaient leurs récits sur la doctrine exposée par les astro- logues en traitant des conjonctions (des planètes), doctrine de la même espèce que celle qui a pour sujet les Melahim (grandes catas- trophes). Nous parlerons des Melahim dans le chapitre suivant.

Parmi les soufis des temps postérieurs, ceux qui ont écrit le plus sur le Fatemide sont : Ibn el-Arebi el-Hatemi^ qui en parle dans

��' Les nakths (syndics , chefs) chez les ra- fediles formaient probablement la même classe d'agents subalternes que l'on dési- gnait par les noms de mokaser et de na- kîb dans la religion des Druses. (Voyez {'Exposé de la religion des Druzes , par M. de Sacy, 1. 11 , p. i 7 et page 386 , où il identifie les naktbs avec les mokasers.)

^ Un vieux manteau déchiré et rapiécé. Le chef de la secte le porte, puis, après son décès, il le transmet à son succes- seur.

��' Le système de prières et de pratiques religieuses des soufis et des divers ordres de derviches s'appelle la voie.

  • La vie de Djoneïd se trouve dans le

Biographictd Dictionary d'Ibn Khnilikan. vol. I , p. 338 de la traduction ; celle d'El- Hacen el-Basri se trouve dans le même vo- lume, p. 370.

'^ Cet auteur, qu'il ne l'aut pas confondre avec Abou Bekr Ibn el-Arebi el-Moaferi (voy. 1" partie, p. àh^ , n° 2), mourut l'an 634 (ia36-i237de J. C),

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