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8 PROLÉGOMÈNES

mencé à prédominer, on adopta l'usage de prendre l'avis (d'un mi- nistre en titre) et d'avoir recours à ses lumières, afin de s'assurer le dévouement des tribus et des peuples (qui formaient l'empire). Ce fonctionnaire reçut le titre de vizir. Le bureau de comptabilité resta toutefois entre les mains des juifs, des chrétiens et des affranchis; mais la nécessité de garder ^ les secrets du sultan et le tort que leur divulgation pouvait causer à la bonne administration de l'empire, ame- nèrent l'établissement d'un écrivain [kateb) spécial, chargé de mettre sur papier les ordres du souverain. Ce fonctionnaire n'occupait pas un rang aussi élevé que celui du vizir, parce qu'on n'avait besoin de lui que pour écrire ce qu'on lui dictait. On ne le prenait pas à cause de sa connaissance de la langue, c'est-à-dire, du langage, car à cette époque l'arabe n'avait pas subi d'altération (et tout le monde s'exprimait avec correction et élégance). Le vizirat était donc le plus élevé de tous les offices de l'Etat.

Pendant la durée de la dynastie oméiade rien ne fut changé dans cet état de choses : le vizir avait la direction générale de toutes les affaires; en sa qualité de mandataire du sultan, il avait le droit de conférer avec lui, il veillait à la sûreté de l'Etat et prenait toutes les mesures nécessaires pour combattre l'ennemi ; aussi avait-il dans ses attributions la direction du bureau militaire, et le règlement de la solde et des traitements mensuels.

Sous les Alîbacides, la puissance de l'empire augmenta encore et l'office de vizir acquit une importance énorme. Ce ministre, devenu le lieutenant [naïb) du souverain, avait l'autorisation de nommer tous les fonctionnaires et de les destituer à son gré^; aussi tenait-il dans l'empire une très-haute position : tous les regards étaient tournés vers lui , et toutes les têtes se baissaient en sa présence. Chargé de la dis- tribution de la solde militaire, il obtint le contrôle du bureau de la comptabihté, afin de voir réunir et répartir les sommes requises pour cet objet. Ensuite il se fit accorder la direction du bureau de la cor-

  • Pour iiyk, lisez iitya.. — ' Liltéral. « il avait le pouvoir de lier et de délier. »

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