Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée

146 PROLEGOMENES

" N'admets pas des soupçons défavorables touchant les hommes à qui tu as confié des emplois : avant de soupçonner, prends des infor- mations, car c'est un crime que de soupçonner les innocents et d'avoir, à leur égard, une opinion désavantageuse. Ce sera pour toi un devoir que déjuger favorablement de tous ceux qui t'entourent, et de chasser les idées fâcheuses que tu peux concevoir à leur sujet. Cela t'aidera à les rendre dévoués et obéissants^. Ne souffre pas que Satan, l'ennemi de Dieu, trouve dans ta conduite le moindre défaut dont il puisse profiter; une simple négligence de ta part suffii'ait pour lui donner l'occasion de l'inspirer des méfiances qui te rempliraient d'inquiétude et troubleraient le bonheur de ta vie. Sache qu'avec la confiance dans les autres on a la force et la tranquillité; aidé par elle, tu pourras terminer heureusement toutes les affaires que tu entreprendras et porter tes administrés à t'aimer et à le bien servir. La bonne opinion que lu auras de ton entourage et la clémence que lu montreras en- vers les subordonnés ne doivent cependant pas l'empêcher de bien examiner les affaires, de l'occuper de la conduite de tes officiers, et d'avoir soin du peuple en corrigeant ses mœurs et en le formant à

■* la vertu. Je dirai même qu'avant tout lu dois faire attention à la con-

duite de tes employés et travailler pour le bien de tes administrés en l'informant de leurs besoins et en allégeant leurs fardeaux. C'est là le meilleur moyen de faire fleurir la religion et de donner une nouvelle vie aux prescriptions de la sonna. Agis en tout cela avec une conviction sincère; puis, rentré en loi-même, travaille à corriger ton âme, ainsi que doit le faire quiconque s'attend à être interrogé au

P. i32. sujet de ses actions, et à être récompensé ou puni, selon qu'il a bien ou mal fait; car Dieu , ayant posé la religion comme im rempart pour protéger les hommes et pour les exalter, élève celui qui la respecte et le porte au faite des grandeurs. Suis donc, à l'égard de ceux que tu gouvernes et administres, le sentier de la religion, la voie la plus droite^; applique les peines fixées par Dieu, mais en les réglant

' Lisez (^ <M'i tiUskj, — » Il faut lire (jo-È.Î't «JLi^-kJij.

�� �