130 PROLÉGOMÈNES
une nouvelle frontière en arrière de la seconde. Les mêmes désordres qui avaient eu lieu dans la période précédente se montrent dans celle-ci. Tous les souverains qui changent les règlements politiques suivis par leurs prédécesseurs fondent, pour ainsi dire, un nouveau royaume, et établissent un nouvel empire. Cet empire succombe; les peuples voisins cherchent à s'en emparer par la voie de la con- quête, afin d'y étabhr leur autorité, et il en arrive ce que Dieu a prédestiné.
Voyez, par exemple, l'empire fondé par les musulmans, comment il agrandit ses frontières par des conquêtes et par des victoires rem- portées sur d'autres peuples. Dès lors l'armée prit un énorme accrois- sement, parce qu'on jouissait d'une forte solde et d'un grand bien- être. Cela continua jusqu'à la chute des Oméiades et au triomphe de la dynastie abbacide. Le luxe augmenta, la civilisation de la vie sé- dentaire se développa, les germes de la désorganisation s'introdui- sirent dans l'Etat, et la frontière se rétrécit par la perte de l'Espagne et du Maghreb, où les Oméiades merouanides et les Alides (idrî- cides et fatemides) fondèrent des royaumes en détachant ces deux provinces de l'empire. Ensuite eut lieu la lutte entre les fils de Haroun er-Rechîd ' ; des émissaires alides se montrèrent dans toutes les pro- vinces et fondèrent des États indépendants. Plus tard (le khahfe) El- Motéwekkel fut assassiné; les émirs (de la garde turque), s'étant em- parés de l'autorité, tinrent les khalifes en tutelle; les gouverneurs des provinces frontières se rendirent indépendants et ne payèrent plus l'impôt, et le luxe augmenta toujours. Alors vint El-.Motadhed, P. 117. qui changea l'organisation politique de l'empire et concéda aux gou- verneurs révoltés les provinces dont ils s'étaient emparés. Les Sama- nides eurent la Transoxiane, les Taherides gardèrent l'Irac et le Khoraçan, les Saffarides conservèrent le Sind et le Fars, les Tou- lounides régnèrent en Egypte et les Aghlebides en Ifrîkiya. La puis- sance des Arabes s'étant définitivement brisée, celle des Persans triompha; les Bouïdes et les Deïlemites se rendirent maîtres de ' El-Amin et El-Mamoun.
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