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ne PROLEGOMENES

répandeul même parmi les citoyens; cela nécessite une augmentation dans la solde des troupes et dans les traitements des employés; les dépenses augmentent; l'habitude de la prodigalité s'introduit même parmi les sujets de l'Etat : on sait que les hommes suivent toujours la religion et les usages de leur souverain. Pour rendre le revenu plus abondant, pour avoir le moyen de subvenir à ses propres dé- penses et à l'entretien des troupes, le sultan soumet à des droits tout ce qui se vend dans les marchés, car il s'imagine que le luxe déployé par les citoyens est une preuve de leur opulence.

Comme le luxe s'accroît toujours, les droits de marché ne suffisent plus, et le gouvernement, ayant pris des habitudes de despotisme et de violence dans ses rapports envers ses sujets, cherche à se procurer de l'argent à leur détriment; (il impose de nouveaux) droits de mar- ché, (il s'engage lui-même dans) le commerce, (il ose même) trans- gresser la loi ouvertement ' à leur égard quand les prétextes lui manquent pour colorer son injustice. Pendant ce temps, le gouver- nement s'affaiblit par la décadence du parti qui le soutenait, et il P. ii3. s'aperçoit que l'armée commence à braver son autorité. C'est là une chose qu'on devait prévoir, et, pour y porter remède, on est obligé de prodiguer aux troupes les dons et les gratifications. Dans cette période de l'existence de l'empire, les percepteurs ont acquis de grandes richesses, parce que les impôts ont produit beaucoup et que tout cet argent leur a passé entre les mains. 11 leur arrive même quelquefois de déployer un faste qui les expose à être soup- çonnés de péculat. Les uns dénoncent les autres par haine ou par jalousie, et tous subissent successivement des avanies et des con- fiscations qui leur enlèvent leurs richesses et les font déchoir de leur haute position. Leur faste et leur magnificence avaient contribué à augmenter le revenu de l'Etat, et le gouvernement, s'étant mainte- nant privé de cette ressource en ruinant^ les financiers, va encore plus loin, et porte la main sur les richesses de ses autres sujets. Pen-

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' Dans le mot o-JJa-«l, il faut rem- un djezma.

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