D'IBN KHALDOUN. 123
ses auxiliaires, les chefs des autres partis s'en aperçoivent par un sen- timent naturel et osent lui tenir tête, ainsi qu'à ses intimes; aussi les poursuit-il de sa vengeance en les faisant tuer les uns après les autres, et le prince qui le remplace sur le trône suit son exemple. Ces chefs, exposés non-seulement à la mort, mais aux effets funestes du luxe, perdent leur esprit de corps', ouhlient les sentiments énergiques de sympathie et de dévouement que cet esprit entretient, et se résignent à louer leurs services - pour la défense de l'Etat. Comme ils ne sont pas assez nombreux pour cette besogne, les provinces frontières et les places fortes sont faiblement gardées, ce qui encourage les populations de ces contrées à s'insurger contre le gouvernement; des princes de la famille royale, et d'autres individus qui s'étaient mis en révolte, s'em- pressent d'aller les joindre, dans l'espoir de les ralHer à leur cause, !'• et dans l'assurance que les troupes du sultan ne viendront pas les y chercher. Le mouvement se propage, le territoire de l'empire se rétrécit , et les insurgés s'avancent jusqu'aux localités voisines du siège du gouvernement. Cela a ordinairement pour résultat le partage de l'empire en deux ou trois royaumes. Le nombre de ces Etats dé- pend de la force primitive de l'empire, ainsi que nous l'avons exposé. Dès lors, le souverain a pour soutiens des gens qui n'appartiennent pas à sa famille , mais qui , habitués à voir cette famille toujours maîtresse des autres, la respectent encore et lui obéissent.
Voyez l'empire fondé parles Arabes dans les premiers temps de l'is- lamisme; il s'étendait jusqu'à l'Espagne, d'un côté, et jusqu'à flnde et à la Chine, de l'autre. L'appui des descendants d'Abd-Menaf as- sura tellement aux Oméiades l'obéissance de tous les Arabes, que (le khalife) Soleïman Ibn Abd el-Melek ayant expédié de Damas l'ordre d'ôter la vie à Abd el-Azîz , fils de Mouça Ibn Noçeïr, qui se trouvait alors à Cordoue, on se conforma à sa volonté, sans y faire la moindre objection. Les Oméiades succombèrent avec leur parti , qui s'était énervé dans le luxe ; les Abbacides , qui les remplacèrent , surent mettre
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