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de marchandises ' diverses, s'il est obligé de subvenir tout de suite aux besoins de l'Etat, il n'attend pas jusqu'à ce qu'il ait écoulé ces denrées par des ventes régulières sur les marchés; mais il oblige les personnes qui en font le commerce, c'est-à-dire, les négociants et les cultivateurs, de se fournir auprès de lui, et à un prix qui dépasse ordi- nairement la valeur réelle de ce qu'ils achètent. De cette façon ils se voient privés de leur argent comptant, chargés de marchandises qui P. 85. leur resteront longtemps sur les bras , et forcés de suspendre les opé- rations^ qui les faisaient vivre. Aussi , quand un pressant besoin d'argent les oblige à vendre une partie de ces marchandises, ils n'en retirent qu'un vil prix, vu l'état languissant du commerce. 11 arrive souvent qu'un négociant ou un cultivateur se défait ainsi de ses fonds d'une manière graduelle, jusqu'à ce qu'il ne possède plus rien, et qu'il soit obligé de rester chez lui, sans aller au bazar ^. Ces cas se repro- duisent fréquemment, au grand préjudice du public; on finit par ne plus rien gagner, par tomber dans l'embarras et dans la gêne, et par renoncer tout à fait à ses occupations. Le revenu de l'empire s'en ressent, puisqu'il consiste presque entièrement en contributions payées par les cultivateurs et les négociants. C'est surtout après l'é- tablissement des droits de marché pour augmenter le revenu du gouvernement que cela devient sensible. Quand les cultivateurs ont renoncé à l'agriculture et les négociants au commerce, le revenu n'existe plus, ou bien il subit une diminution énorme. Si le souve- rain voulait comparer les faibles profits (qui dérivent de ses entre- prises commerciales et agricoles) avec*' les sommes provenant des impôts, il les regarderait comme moins que rien. Quand même ces opérations lui rapporteraient beaucoup, elles lui feraient perdre con- sidérablement du côté du revenu; car d'ordinaire on ne l'oblige pas à payer les droits de vente et d'entrée, tandis qu'on les exige tou- jours des autres commerçants pour le compte du trésor. Ajoutons

' Pour ,lIjJt, lisez x^LjJjt. Cela veut dire cesser de faire le com-

^ Le texte porte ï.'^f , c'esl-à-dire, l'ac- nierce, fermer sa boutique, tion de faire circuler. ' Après iù.«jJlj, insérez *jL*-»' cif

Prolégomènes. — ti. i3 •

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