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D'IBN KHALDOUN. lxxvii

placés, soit comme précepteurs chargés d'enseigner le Coran aux en- fants de bonne maison, le hakem les considérait comme des hommes de bien, et, pour s'en faire des amis, il disait, dans les rapports adressés au cadi, qu'ils étaient des personnes d'une probité éprou- vée. Le mal était invétéré ; des traits scandaleux de la fraude et de la malversation des adels s'étaient répandus dajis le public, et, comme plusieurs de ces méfaits vinrent à ma connaissance, j'en châtiai les auteurs avec la plus grande sévérité.

Je reconnus aussi chez quelques-uns d'entre eux des choses qui portaient atteinte à leur considération, et pour cette raison je les empêchai de servir de témoins. Dans leur nombre se trouvaient des greffiers attachés aux bureaux des cadis et chargés de prendre note des sentences prononcées à l'audience; des hommes rompus à la ré- daction des plaintes, habiles à formuler des jugements, et qui se faisaient employer par des hommes puissants pour dresser leurs actes et conventions. Cela les plaçait au-dessus de leurs confrères et impo- sait tellement aux cadis, que ces magistrats n'osaient leur faire le moindre reproche.

11 y en avait aussi qui consacraient leur plume à attaquer les actes les plus authentiques, afin de les faire annuler pour un vice, soit de forme, soit de fond. L'offre d'un cadeau ou la perspective d'un avantage mondain suffisait pour les entraîner dans cette voie. C'était particulièrement le cas quand il s'agissait de ouakfs (biens consacrés à perpétuité aux mosquées ou à des fondations pieuses), qui existaient en nombre énorme dans la ville du Caire. Comme il y en avait dont l'institution était ignorée ou peu connue, on trouvait, dans la jurisprudence de l'un ou de l'autre des quatre rites, quelque moyen d'en annuler plusieurs. Celui qui désirait acheter ou vendre un ouo/i/^ faisait un arrangement avec ces fourbes, et obtenait d'eux un concours efficace. Cela se pratiquait au mépris de l'autorité des magistrats, qui essayaient en vain d'arrêter ces malversations et d'em- pêcher qu'on ne se jouât du bon droit.

M'étant aperçu qu'à la suite des attaques dirigées contre les oaakfs^

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