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probité d'un individu quelconque; ce qui n'est pas toujours facile à découvrir, surtout dans les grandes villes, et parce que les apparences sont souvent trompeuses. Les juges étant obligés de prononcer entre les parties adverses d'après des preuves authentiques, c'est le plus sou- vent d'après la déclaration de ces fonctionnaires subalternes qu'ils for- ment leur opinion sur la validité des titres produits par les plaideurs. Dans toutes les grandes villes, ces officiers ont des échoppes ou des bancs où ils se tiennent assis pour que tous ceux qui ont besoin de contracter devant témoins et de faire mettre leurs conventions par écrit viennent les y trouver. Ainsi le mot adala sert également à ex- primer les fonctions de l'emploi dont nous venons de donner la défi- nition ' et la probité exigée par la loi, probité qui (dans une expres- sion bien connue) se trouve associé (par opposition) avec le terme djarh^. Ainsi ces deux sens peuvent quelquefois se trouver réunis dans le même individu; d'autres fois, ils ne le sont pas^.

Des charges nommées hisba et sicca*. La hisba (police municipale) est encore un office qui tient à la religion. Ses devoirs font partie de ceux qui sont injposés au directeur des affaires du peuple musulman et qui P. 4o6. consistent à ordonner le bien et à défendre le mal. Le souverain choisit, pour remplir cet office, un homme qui lui paraît avoir les qualités nécessaires. Ce fonctionnaire, étant chargé d'exécuter les de- voirs qu'impose sa place, prend des hommes pour l'aider dans ses fonctions. Il recherche les abus, réprimande les délinquants ou les châtie suivant leur degré de culpabilité. Devant obliger le peuple à observer tout ce qui est requis dans l'intérêt commun des habi-

��' Dans l'édition de Boulac et dans le manuscrit D, le mot (jy^ est remplacé par j>xj'. Cette dernière leçon est évidem- ment la bonne.

" Djarh oua adala est l'équivalent de Tedjrth oua tadîl. (Voir ci-devant, p. 72.)

' C'esl-à-dire , il y a des hommes probes qui sont greffiers ; il y en a aussi qui ne le sont pas, et il y a des greffiers qui ne sont

��pas des hommes probes. L'auteur avait un grand mépris pour les hommes de loi ses contemporains, et ne manquait jamais l'oc- casion de leur lancer des sarcasmes.

  • Nous reproduisons ici la traduction de

M. de Sacy, avec quelques modifications. Elle se trouve dans la Chrestomalhie ar. 1. 1 , p. 469. — Le fonctionnaire qui remplit l'of- fice de hisba « édilité » s'intitule mohteceb.

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