Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/579

Cette page n’a pas encore été corrigée

D'IBN KHALDOUN. 455

des règles de la saine politique; mais elle n'exige pas que des avan- tages temporels soient accordés à de simples légistes. Le droit d'as- sister au conseil, d'approuver ou rejeter (un avis), ne peut apparte- nir qu'à l'homme qui, étant appuyé sur un fort parti, a le pouvoir de lier et de délier, de faire ou de ne pas faire, selon sa volonté. Celui qui est sans soutien, qui n'est pas même maître de sa personne et qui n'a pas les moyens de se protéger, celui enfin qui est à la charge des autres, par quel droit entrerait-il au conseil. pour quel motif devrait-on lui accorder de la considération, si l'on consen- tait à l'y adinettre? Il est capable d'opiner, sans doute, mais seule- ment sur des points de loi; en ce qui regarde la politique et l'admi- nistration, il ne pourrait rien dire d'utile, étant sans appui et ignorant jusqu'aux premiers principes de ces sciences. Les légistes ne doivent pas à leur mérite les marques de respect que leur accordent les souverains et les grands officiers de l'Etat, mais bien au sentiment qui porte ces personnages à se faire une réputation de piété en mon- trant des égards aux hommes qui tiennent à la religion de quelque manière que ce soit. Quant à la parole du Prophète citée plus haut, nous dirons que, chez la plupart des légistes du dernier siècle et ceux de notre époque , la conn-aissance de la loi se réduit à une quantité de sentences touchant les pratiques du culte extérieur et la manière de vider chaque différend qui s'élève entre les hommes dans leurs rela- tions mutuelles. A celui qui vient les consulter, ils récitent une de ces maximes; les plus habiles d'entre eux ne vont pas plus loin. On ne peut guère leur attribuer la qualité de savants dans la loi, parce P. 4o4. qu'ils n'en connaissent que quelques principes , applicables à un petit nombre de cas. Les premiers musulmans et ceux qui (dans la suite) s'étaient distingués par leur piété et leur vertu, méritaient la réputa- tion d'être savants dans la loi , parce qu'ils avaient approfondi cette science dans toutes ses parties; or ceux qui portent le titre de lé- gistes et qui ont approfondi l'étude de la loi sans avoir emprunté leur science à autrui, ceux-là sont les héritiers dont il s'agit. Tels furent les docteurs dont il est fait mention dans la Riçala d'El-Co-

�� �