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et Abou Mouça ’1-Achâri ^ pour rendre la justice à Koufa. Ce fut à celui-ci qu’il adressa l’épître si bien connue qui roule sur les devoirs d’un cadi et qui les rapporte tous. Dans cet écrit il dit^ : « Rendre justice est une obligation rigoureuse, un usage qu’il faut suivre. Ecoute les plaideurs avec attention, car à quoi bon réclamer ses droits si cela ne produit point d’effet. Dans tes regards, dans ton tribunal et dans ta justice , qu’il y ait pour tous égalité parfaite , afin que l’homme puissant ne compte pas sur ta partialité et que l’homme faible ne désespère pas de ta justice. C’est au demandeur à fournir la preuve et au défendeur à se purger par serment. Entre musul- P. 898. mans, la transaction est permise, tant qu’elle n’autorise pas ce qui est défendu et tant qu’elle ne défend pas ce qui est autorisé. Si tu as prononcé un jugement la veille, et qu’en y réfléchissant^ le lendemain tu sois conduit à rectifier ton opinion, n’hésite pas à revenir à la vérité, car la vérité est éternelle; mieux vaut y revenir que persister dans l’erreur. Pèse bien * les opinions qui te passeront par la tête, et qui n’auront ni Coran ni Sonna pour les justifier. Familiarise-toi avec les ressemblances des choses et leurs similitudes, afin de pouvoir juger de chaque chose d’après celles qui lui sont analogues. Si un plaideur déclare qu’il n’a pas avec lui le titre ou la preuve dont il veut se servir, remets la cause à un autre

’ Voyez ci-devant, page Ai 6, note 1. En rédigeant cette note, j’aurais dû ajouter qu’en l’an aS de l’hégire (643-644 de J. C.) Abou-Mouça ’1-Achâri commanda le corps de troupes qui s’empara de la province d’El-Ahouaz et soumit la ville d’Ispahan. Dans la conférence qui eut lieu à Doumet-el-Djendel entre les arbitres nommés à l’effet d’amener un arrangement entre Ali et Moaouîa , la conduite tenue par Abou-Mouça, qui était chargé, en cette occasion, de défendre les intérêts d’Ali, fut très-maladroite et contribua beaucoup à ruiner l’influence de ce khalife.

’ Avant les mots $$$$, insérez $$$$

’ Pour $$$$, lisez $$$$.

  • Lisez $$$$. Telle est la leçon du manuscrit D et de l’édition de Boulac. M. de Sacy a donné, dans sa Grammaire

arabe, 2° édition, tome II, page 4 60, plusieurs exemples de la répétition du complément quand le verbe qui le régit est sous-entendu. Aux expressions de ce genre qu’il signale on peut ajouter celle qui se trouve dans la lettre d’Omar et la formule bien connue $$$$, « j’invoque Dieu.