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D'IBN KHALDOUN. 4Û7

Les premiers khalifes se réservaient la présidence de la prière et ne la confiaient jamais à d'autres. Voyez à ce sujet ceux qui furent assassinés dans la mosquée au moment où l'on faisait l'appel à la prière; voyez comment ils s'étaient tenus prêts à s'y rendre aux heures canoniques. Cela montre qu'ils y présidaient en personne et ne s'y faisaient jamais remplacer. Les khalifes de la dynastie oméiade suivirent leur exemple, voulant garder pour eux-mêmes vn office dont ils appréciaient hautement l'importance. On raconte qu'Abd el- Melek (le khalife oméiade) dit à son chambellan : « Je vous confie la garde de ma porte; n'y laissez entrer personne (sans ma permis- sion), à l'exception toutefois de trois individus : le maître d'hôtel, car xm dîner retardé n'est jamais bon; le moueddîn, qui vient annon- cer l'heure de la prière, car il nous appelle à Dieu; le courrier qui apporte des dépêches, car, en le faisant attendre, nous risquerions de perdre une de nos provinces. » Lorsque l'esprit de la royauté se fut introduit dans le khalifat avec sa suite ordinaire, l'humeur hau- taine et l'orgueil qui empêchent le souverain de reconnaître les autres hommes pour ses égaux, soit devant Dieu, soit devant le monde, les khalifes se firent remplacer dans la présidence de la prière. Quel- quefois, cependant, ils en remplissaient les fonctions eux-mêmes, surtout aux deux fêtes et aux vendredis, afin de faire sentir toute la dignité de cet office. Plusieurs khalifes de la dynastie abbacide adop- tèrent cet usage, et les Obéidiles (Fatémides) en firent de même dans la première période de leur domination.

La charge de mufti. Le khalife choisit, parmi les légistes et les pro- fesseurs, la personne la plus capable de remplir les fonctions de mufti K II lui accorde son appui , et repousse les hommes qui se posent comme muftis sans en être dignes; car c'est un office institué

vrages, mourut à Baghdad, en A5o (io58 ' Le mufti est l'exposant souverain de

de J. C. ) , à l'âge de quatre-vingt-six ans. Le la loi , l'oracle que l'on consulte dans tous

texte arabe de son Ahkam es-Soltaniya, ou- les cas non prévus par le code ; son opinion

vrage très-important, a été publié à Bonn , fait autorité, l'an i853, par les soins de M. Enger.

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