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D'IBN KHALDOUN. 445

les Etats musulmans, la souveraineté temporelle est subordonnée au khalifat; dans les autres, elle est indépendante; mais partout elle a créé, pour les besoins de son service, des charges et des emplois qu'elle distribue à ses protégés et aux grands personnages de l'empire. Chaque fonctionnaire remplit les devoirs de la charge que son sou- verain lui a confiée, de sorte que celui-ci a les moyens d'assurer son autorité et d'administrer ses Etats.

Le khalifat, auquel la souveraineté temporelle est subordonnée sous le point de vue que nous avons indiqué, exerce son influence spirituelle au moyen d'offices et d'emplois qui lui sont tout à fait spé- ciaux et qu'on ne trouve pas en dehors de l'islamisme. Nous allons parler de ces charges ; puis nous traiterons de celles qui existent dans les gouvernements temporels.

Les charges fondées sur la rehgion et la loi, et subordonnées au grand imamat, c'est-à-dire au khalifat, sont celles de président de la prière, de cadi (juge), de mufti (légiste consultant), de directeur de la guerre contre les infidèles et de chef de la police armée. Le khalifat est donc la mère, pour ainsi dire, de toutes ces charges, le tronc d'où sortent ces branches et auquel elles se rattachent. Il jouit de cette supériorité parce que celui qui le remplit étend sa surveil- lance sur toute la nation, dirige sans contrôle les affaires spirituelles et temporelles, et fait exécuter partout les prescriptions de la loi.

L'imamat (présidence) de la prière. La place d'imam de la prière est la plus élevée de toutes celles que nous venons de nommer; par p. 395. sa nature particulière, elle est au-dessus delà souveraineté^, qui, de même qu'elle, est subordonnée au khalifat. Nous en avons la preuve dans la déclaration des Compagnons, lorsque le Prophète eut chargé Abou Bekr de le remplacer comme président de la prière. Cette nomination leur semblait prouver qu'il l'avait désigné aussi comme son remplaçant dans l'administration politique. « Le Prophète, di- rent-ils, l'avait choisi pour veiller à nos intérêts religieux; pourquoi ne le voudrions-nous pas pour veiller à nos intérêts temporels ? »

' Le pouvoir temporel.

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