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D'IBN KHALDOUN. 441

blâme , sachant qu'il agissait en conscience et qu'il était l'exemple de tous ceux qui cherchaient à bien faire.

Qu'on ne se laisse pas égarer au point de blâmer les Compagnons qui s'étaient opposés aux projets d'El-Hoceïn et qui s'étaient abstenus de lui prêter leur appui. Ils formaient la majorité du corps des Com- pagnons; ils se trouvaient avec Yezîd et croyaient que la révolte con- tre son autorité n'était pas permise. El-Hoceïn lui-même (avait reconnu la pureté de leurs motifs); au combat de Kerbela, il les invita à don- ner leur témoignage en faveur de son caractère et de ses droits. « De- mandez, dit-il, à Djaber Ibn Abd- Allah, demandez à Abou Saïd el- Khodri\ à Anes Ibn Malek, à Sehel Ibn Saad, à Zeïd Ibn Arcam et aux autres. » Il ne les blâma pas de lui avoir refusé leur appui et ne fit aucune allusion à leur conduite , parce qu'il savait qu'ils agissaient d'après leur conscience ainsi qu'il le faisait lui-même.

On ne doit pas justifier la mort d'El-Hoceïn en disant que les meurtriers agissaient d'après leur conscience et croyaient bien faire, de même qu'El-Hoceïn croyait bien faire, et que ce cas a une ana- logie parfaite avec celui du magistrat chaféite et du magistrat malé- kite, qui punissent le hanéfite d'avoir bu du nebîd^. Il n'en est pas ainsi : une partie des Compagnons ne regarda pas comme un devoir de combattre El-Hoceïn, tout en ayant la sincère conviction de bien faire en refusant de seconder ses projets. C'est sur Yezîd et ses com- plices seuls que doit retomber le blâme de l'avoir combattu. Si, malgré l'immoralité de Yezîd , ces Compagnons ont déclaré que la révolte contre son autorité n'était pas permise, on ne doit pas dire qu'ils regardaient tous ses actes comme justes et valides. Les actes d'un homme vicieux ne sont pas justes à moins d'être conformes à la loi, et, d'après l'opinion de ces Compagnons^, on ne devait pas com-

' Insérez ij^O^ dans le texte arabe. du nebîd et qu'un magistrat chaféite ou

L'usage du nebîd (voyez ci-devant , inalékile lui inflige une punition corpo-

page 35) est permis par les docteurs du relie, aucune des parties n'aura tort.

rite hanéfite, et défendu par les docteurs ' Après ïljtyf, insérez (^cVJ>c.

chaféiles et malékites. Qu'un hanéfite boive

Prolégomènes. 56

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