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passaient, des révélations qui arrivaient du ciel et de la présence des anges, qui venaient, à plusieurs reprises, au secours des mu- sulmans.

On ne faisait alors aucune attention aux choses ordinaires; l'esprit de tribu, si fort dans les temps de l'idolâtrie, avait disparu avec toutes les passions qu'il suscitait; on n'y pensait même pas et l'on ne conser- vait que le sentiment naturel qui porte à se défendre et à repousser ses ennemis, à maintenir la foi et à combattre les infidèles. A cette époque , l'influence de la religion prédominait sur les événements et les détournait de leur marche ordinaire. Mais, aussitôt que le prophé- tisme eut cessé de se manifester et que ie souvenir de tant de mi- racles se fut affaibli, les choses du monde commencèrent à reprendre leur train ordinaire, et l'esprit de corps reparut tel qu'il avait été, et se montra dans les mêmes tribus qu'autrefois. Toutes les branches de la grande tribu de Moder accordaient plus d'obéissance aux Oméiades qu'à aucune autre famille; car elles en avaient reconnu la puissance dans les temps antérieurs.

On voit par là qu'El-Hoceïn se trompa; mais, comme c'était sur ime question étrangère à la religion, son en eur ne peut pas lui por- ter préjudice (dans l'autre monde). Sur la question légale, l'opi- nion qu'il avait exprimée montre qu'il était dans le vrai : « Pour agir, disait -il, on doit avoir les moyens suffisants. » Lorsqu'il eut formé la résolution de se rendre à Koufa, Ibn Abbas, Ibn ez-Zobeïr, Ibn Omar, Ibn el-Hanefiya, son propre frère, et autres personnes, lui firent des remontrances, sachant bien qu'il allait commettre une grande faute; mais il ne se laissa pas détourner de son projet, telle étant la volonté de Dieu. Ceux des Compagnons et de leurs disciples qui se trouvaient alors dans le Hidjaz , ou qui avaient accompagné P- 391. lezîd en Syrie et en Irac, étaient d'avis qu'on ne devait pas s'insur- ger contre ce prince, malgré le scandale de ses débauches. Craignant les désordres qui pourraient en résulter et voulant empêcher l'effu- sion du sang, ils s'abstinrent de prêter le serment de fidélité à El-Ho- ceïn. Us n'exprimèrent toutefois, à son égard, ni désapprobation, ni

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