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438 PROLÉGOMÈNES

Cela ne sufiit pas pour fermer la bouche aux méconlents; ils arrê- tèrent même Saîd Ibn el-Aci, qui revenait de Médine pour reprendre son commandement à Koufa, et l'obligèrent à rebrousser chemin. Quelque temps après , la mésintelligence se mit ' entre Othman et p. 389. les Compagnons qui se trouvaient auprès de lui à Médine. Ils le blâ- mèrent d'abord, parce qu'il ne voulut destituer ses officiers qu'en vertu d'une déclaration légale qui constaterait leur improbité ^; en- suite ils allèrent jusqu'à censurer sa conduite dans plusieurs autres circonstances. Othman était cependant un de ces hommes qui agissent toujours avec les meilleures intentions, et nous devons en dire autant de ses adversaires. Quelque temps après, une bande d'individus, sortis de la lie du peuple , se rendit à Médine, sous le prétexte de demander justice à Othman, mais avec l'intention secrète de l'assassiner. Les uns venaient de Basra, les autres de Koufa et de Misr. Ah, Aicha, Ez-Zobeïr, Talha et d'autres appuyèrent les réclamations de cette foule, dans l'espoir de ramener le khalife à leur avis et de tranquil- lise*- les esprits. Sur leur demande, il destitua le gouverneur de l'Egypte. Ceux qui étaient venus se plaindre à lui quittèrent alors la ville; mais à peine s'en furent-ils éloignés qu'ils revinrent sur leurs pas. Ils venaient, disaient-ils, d'intercepter un courrier et de trouver sur lui une lettre adressée au gouverneur de l'Egypte et renfermant l'ordre de les faire mourir tous. Cette lettre était supposée. Othman ayant fait serment qu'elle n'était pas de lui, ils lui ordonnèrent de leur livrer son secrétaire Merouan. Celui-ci jura qu'il n'avait pas écrit la lettre, et Othman déclara que la justice n'avait plus rien à y voir. Alors, ils assiégèrent le khalife dans sa maison, y pénétrèrent pen- dant que ses amis ne faisaient pas bonne garde et lui ôtèrent la vie. De cette manière la porte s'ouvrit à la guerre civile. Tous les per- sonnages engagés dans ces affaires étaient excusables, parce qu'ils avaient l'esprit préoccupé du maintien de la religion et de tout ce

' Les éditions imprimées et les manus- " Le mot *^v> paraît être l'équivalent

crits portent Ja>jjΠ; peut-être l'auteur a- de ^y4^', iedjrîli. (Voy. ci-devant, p. 72.) t-il voulu écrire Jjiji^\.

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